R. Buckminster Fuller : Siècle des lumières
Scène

R. Buckminster Fuller : Siècle des lumières

Avec R. Buckminster Fuller, le Théâtre Alambic orchestre un rendez-vous peu banal.

Pour sa troisième production, le jeune Théâtre Alambic a jeté son dévolu sur R. Buckminster Fuller: Mémoires (et mystères) de l’univers, un indispensable théâtre biographique. Mis en scène par Bernard Lavoie, le spectacle permet de rencontrer l’un des esprits les plus innovateurs du 20e siècle.

Soigneusement traduite par Maryse Pelletier, la pièce de D.W. Jacobs s’appuie sur la vie, l’œuvre et les écrits de l’États-Unien Richard Buckminster Fuller (1895-1983). À la fois inventeur, architecte, designer, poète, philosophe, futurologue et écologiste avant l’heure, Fuller est avant tout un exceptionnel pourfendeur d’idées reçues. Comparable à une conférence, une communication où un excentrique revisite les utopies de toute une vie, la représentation entrelace démonstrations scientifiques et anecdotes personnelles. Dans cette vaste entreprise de vulgarisation, dont un ou deux chapitres auraient malgré tout avantage à être retranchés, le spectateur apprend qu’un et un font quatre, que le triangle est la seule structure stable (l’homme a créé le dôme géodésique de l’île Sainte-Hélène), que la Terre est un vaisseau spatial en danger et bien d’autres choses encore. Peu à peu, toute la pensée subversive de Fuller, un inspirant croisement de science, philosophie et poésie, apparaît.

Seul en scène, Jean Boilard incarne un Bucky absolument truculent. Oscillant entre l’exaltation et la sérénité, l’acteur prend modèle sur l’intellectuel à lunettes aussi bien que sur Charlie Chaplin. Pour illustrer les propos de son personnage, il n’hésite pas à employer ses compétences de mime ou à interpeller directement les spectateurs. Pour se faire comprendre, le comédien bénéficie également de trois grandes ardoises et de plusieurs modèles réduits scientifiques, des objets aussi beaux qu’éloquents conçus par Éliane Fayad. Traversé par les superbes figures géométriques que tracent les éclairages de Sylvain Letendre, le lieu conserve son mystère jusqu’à la toute fin. Sobre, ce spectacle rend justice à une réflexion étonnamment actuelle, celle d’un penseur qui a consacré sa vie à prouver que l’humanité est une réussite.

Jusqu’au 5 novembre
À la Salle Fred-Barry
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