Sylvie Drapeau et Isabelle Vincent : Eaux troubles
Scène

Sylvie Drapeau et Isabelle Vincent : Eaux troubles

Sylvie Drapeau et Isabelle Vincent nous présentent leur univers aquatique dans Avaler la mer et les poissons, une pièce mise en scène par Martine Beaulne.

Depuis plus de deux ans, les comédiennes Sylvie Drapeau et Isabelle Vincent nagent dans les eaux de Kiki et Ariel, deux amies dont les vies fort différentes nourrissent les aspirations de chacune. Ariel travaille en politique municipale, cellulaire toujours ouvert, tailleur impeccable, mise en plis exemplaire, mère polyvalente, femme infidèle. Pour sa part, Kiki se laisse porter par le mystère des couleurs et des textures, peintre fauchée à l’imaginaire riche, amoureuse oubliée dans le fond d’un atelier, regard braqué sur le monde pour en capturer la vie. Toutes deux femmes modernes aux prises avec le difficile compromis d’exister malgré leur nature.

Or, l’amant de l’une deviendra l’amoureux de l’autre, l’art s’éteindra dès l’arrivée du bonheur, l’engagement sera à redéfinir, l’amitié devra reconnaître ses rouages, parfois honteux. Car "quand on aime les autres comme soi-même, qui on aime?" Quand la vague se dresse, elle emporte beaucoup au passage.

Ce texte qu’ont signé les deux actrices n’a pas la beauté poétique de certains auteurs contemporains ni la profondeur du propos qu’on pouvait espérer. Les thèmes trop nombreux s’y entrechoquent et perdent en force, la trame narrative demeure anecdotique et inégale. Néanmoins, l’entreprise séduit. Le plaisir visible qu’elles ont à s’abandonner dans l’aventure reste souvent plus intéressant que les tribulations amoureuses rappelant les bons coups du feel good movie. Ce qui explique peut-être également la timide présence de la metteure en scène Martine Beaulne. Le symbolisme demeure très simple, ici: des tableaux comme des voiles de bateau, des passerelles pour aimer ou pour s’enfuir… Au centre, l’atelier de Kiki, comme le lieu des départs et des arrivées. Entre les deux, la vie qui s’écoule, inexorablement. Avec aussi Daniel Gadouas et Denis Bernard.

Jusqu’au 26 novembre
Au Théâtre La Licorne
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