L'Intimité : Anciens combattants
Scène

L’Intimité : Anciens combattants

L’Intimité, une quête douloureuse qu’Emma Haché et Francine Alepin décrivent dans ses menus détails.

Depuis 2003, L’Intimité, deuxième pièce de la jeune dramaturge acadienne Emma Haché, reçoit des éloges de toutes parts: Prime à la création du Fonds Gratien-Gélinas, Prix littéraire du Gouverneur général, Prix Bernard-Cyr de la Fondation pour l’avancement du théâtre francophone au Canada, etc. À l’automne 2004, Francine Alepin avait le grand privilège et la lourde responsabilité de créer le texte. Produit par Omnibus, le spectacle mettait en vedette Marc Béland et Markita Boies. Ces jours-ci, Pierre Collin et Louise Marleau leur succèdent.

L’intimité en question, c’est celle qu’Alex, un soldat canadien traumatisé par la guerre, et Frauke, la jeune Allemande qui porte son enfant, tentent, malgré de profondes blessures psychologiques, d’atteindre. Une fois de retour au pays, les amants, hantés par le sifflement des bombes, rongés par la culpabilité, s’engouffrent dans un inexorable processus d’autodestruction. Puisqu’ils ne se sentent vivre qu’en frôlant la mort, leur quotidien se transforme en une lente agonie. Dans les funestes mises en scène d’Alex et Frauke, des jeux de rôle où la Grande Faucheuse est sans cesse invoquée, éros et thanatos s’enlacent cruellement.

L’ingénieux environnement scénique conçu par Charlotte Rouleau et Thomas Godefroid – de polyvalentes structures coulissantes et translucides que l’on veille à gorger de lumière – et la conception sonore d’Éric Forget – de très inquiétantes marches militaires – gardent nos sens en éveil. D’une précision physique inouïe, les apparitions de Jean Asselin (dans la peau de personnages secondaires) sont chargées d’un humour et d’une ironie délectables. L’acteur est à peine sorti de scène que déjà on espère son retour. Nonobstant l’indéniable talent de Louise Marleau et Pierre Collin, deux comédiens dont le gabarit correspond parfaitement à cette cérémonie, il faut avouer que la détresse qui consume les protagonistes ne nous ébranle jamais véritablement. Subsiste une froideur, une distance qui empêche fâcheusement le spectateur de communier à la tragédie qui se joue sous ses yeux.

Jusqu’au 12 novembre
À Espace libre
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