Nicole Mossoux : Le royaume des ombres

Vous avez souvenir de la frousse dans laquelle vous plongeait, enfant, la conjugaison de noirceur et solitude? La chorégraphe belge Nicole Mossoux, elle, se souvient de ces peurs qui font naître les ombres qui nous talonneront tout au long de notre existence. Ce sont d’ailleurs ces moments d’effroi qui constituent le déclencheur de sa toute dernière création, Light!, où sont dévoilées au grand jour les idées noires qui se cachent en notre for intérieur.

Pour ceux qui ont eu la chance d’assister à la déroutante pièce Un étranger de Guylaine Savoie, présentée au cours des dernières semaines, le sujet n’est pas sans rappeler la thématique élaborée par la chorégraphe montréalaise. Les grands esprits se rencontrent… Toutefois, c’est ici sans insertion d’images vidéographiques que la Compagnie Mossoux-Bonté offre sa représentation de la peur par les ombres.

"Il s’agit de notre première expérience de projection d’ombres, divulgue Nicole Mossoux. Comme nous ne sommes pas des artisans de ce domaine, nous avons choisi d’explorer le premier degré de l’ombre, de façon hyper-simple, en créant en direct une rencontre entre le corps et la lumière. Ceci nous a permis de travailler la complexité de l’infiniment petit et de le mettre en rapport avec le surdimensionné. Ainsi, l’ombre permet d’exprimer, sous une forme démesurée, cette part de l’inconscient où se cachent les peurs intimes."

Seule sur scène avec les fantômes de ses démons, Nicole Mossoux est l’instigatrice de cette œuvre où la musique de Christian Genet prend une place fort importante. L’homme de théâtre Patrick Bonté se retrouve au service de sa fidèle collaboratrice, avec qui il célèbre cette année le 20e anniversaire de leur union artistique. Conçues en alternance tantôt par l’un, tantôt par l’autre, les créations Mossoux-Bonté visent à fondre les disciplines du théâtre et de la danse en un seul langage suggestif. Issue d’insatisfactions face à leurs domaines respectifs, cette démarche artistique est amorcée par des thématiques précises qui trouvent leur formulation dans le mouvement.

"Nous désirons créer un trouble avec le spectateur, développer une relation intime. Nous avons déjà abordé des thèmes tels que le dédoublement de soi, illustré par des marionnettes accrochées aux corps, et nous nous sommes aussi penchés sur l’univers de la peinture… Avec Light!, il s’agit plutôt de donner à voir une intériorité. Nous allons dans le très personnel et nous sommes impatients de voir comment réagira le public québécois."

Dix-neuvième pièce conçue par la compagnie, Light! traverse l’océan pour la toute première fois, après avoir tourné en Belgique, en France, en Espagne, en Angleterre et en Allemagne, où elle a reçu un accueil chaleureux. Cette visite, qui s’inscrit au programme d’expression contemporaine de la Cinquième Salle, est rendue possible grâce au conseiller artistique Guy Cools, qui a mis Nicole Mossoux en contact avec Michel Gagnon, directeur de la programmation de la Place des Arts.

À la Cinquième Salle de la Place des Arts
Les 8, 9, 11 et 12 novembre
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