Olivier Lépine : Entrée de jeu
Scène

Olivier Lépine : Entrée de jeu

Olivier Lépine met en scène Darwin, We Have a Problem, première production de tectoniK_cie de création. Une pièce où évolution et télévision vont de pair avec ludisme et folie.

Inspiré de divers textes d’Umberto Eco, Darwin, We Have a Problem, de Philippe Savard, se présente comme une succession de scènes traitant de l’évolution de l’humanité, depuis Cro-Magnon jusqu’à un éventuel Empire galactique, en passant par la Grèce antique et Québec 2007. "Il n’y a pas de trame de fond en tant que telle, explique Olivier Lépine, mais chacune des séquences se rejoint, soit par un effet de mise en scène, soit par un objet récurrent. En fait, ce qui les lie le plus, ce sont les médias de masse, principalement la télévision, et tout ce qui leur est rattaché. À quel point ils peuvent influencer les opinions qu’on a sur quelqu’un, filtrer ou fausser les informations. C’est ce qui nous intéressait, montrer comment les gens souvent se jugent ou agissent un envers l’autre sans vraiment se connaître." Des questions qu’ils abordent avec fantaisie et sur un ton pince-sans-rire. "C’est particulièrement absurde, même si les situations sont souvent réalistes au départ. Sans être caricatural, les travers humains y sont souvent exagérés pour qu’on les sente mieux, observe-t-il. Mais les personnages n’ont pas conscience que, parfois, ce qu’ils pensent est ridicule ou un peu idiot. Le jeu a été orienté vers une grande justesse parce qu’il n’y a rien de pire, au fond, que de savoir que tu fais quelque chose de drôle et de le jouer drôle. Tandis que, si c’est très vrai et que tu crois en leurs convictions, mais qu’elles sont insensées, ça prend vraiment tout son essor."

Ce qui ne les empêche pas de privilégier une approche très ludique. "On avait envie de dire: "Le théâtre, c’est un jeu" et ce concept-là est bien inscrit dans le spectacle: le décor n’est pas vraiment réaliste, les costumes sont rarement complets – c’est souvent juste un pantalon noir avec un haut qui suggère le personnage -, les consoles de musique et d’éclairage sont à la vue des spectateurs, les changements se font devant eux, ce qui fait qu’on voit ce qui se trame, la transformation des comédiens", note le metteur en scène, qui se dit particulièrement intéressé par ce genre de démarche. Dans cette optique, l’action tourne ici autour d’un gros cube, manière de coffre à jouets au service d’une expression, dont on découvre les possibilités au fur et à mesure du spectacle (projections, ouvertures, etc.). "J’aime bien la poésie visuelle, la suggestion aussi, le fait de ne pas tout dire, mais de laisser au spectateur le travail de comprendre ou de voir l’image comme lui en a envie", commente-t-il, avant de poursuivre: "Il y a une grosse folie qui se dégage de tout ça, beaucoup de choses surprenantes, qui sont moins conventionnelles au théâtre." Par exemple, l’ensemble donne dans la multidisciplinarité, avec des projections filmiques, des performances musicales en direct ainsi que des passages tenant, par leurs mouvements synchronisés, de la danse moderne. Un parti pris qui, l’espère-t-il, combiné à un rythme enlevant, leur permettra de rejoindre le plus de spectateurs possible. Du moins y en aura-t-il pour tous les goûts.

Du 15 novembre au 3 décembre
À Premier Acte
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