Denis Marleau : Les coulisses du pouvoir
Scène

Denis Marleau : Les coulisses du pouvoir

Les Reines permettent à Denis Marleau de renouer, pour notre plus grand bonheur, avec l’univers singulier de Normand Chaurette.

Après avoir porté à la scène Le Passage de l’Indiana et Le Petit Köchel, Denis Marleau retrouve enfin l’incomparable plume de Normand Chaurette. Dévoilée à Ottawa en octobre, la nouvelle mouture des Reines (André Brassard en avait signé la création en 1991) tient actuellement l’affiche du Théâtre d’Aujourd’hui.

Le 23 janvier 1483, le vent et la neige s’abattent inlassablement sur Londres. Pendant que son frère Édouard agonise, Richard tente par tous les moyens de mettre la main sur la couronne. Au même moment, dans les couloirs du palais, six femmes entrechoquent leurs cruels et dérisoires destins. Convoitant presque toutes le pouvoir, elles se haïssent avec méthode. Pour les défendre, on a fait appel à une distribution de haut vol. Les performances de Christiane Pasquier, une reine Élisabeth absolument désopilante, Ginette Morin, une Marguerite d’Anjou implacable et Louise Bombardier, une Anne Warwick formidablement drôle, impressionnent tout particulièrement. Pour elles, ainsi que pour Louise Laprade, Béatrice Picard et Sophie Cattani, Michel Goulet a imaginé un espace fascinant, une tour aux multiples balcons que Lucie Bazzo baigne de mystérieux faisceaux. Dans chacune des fenêtres, Stéphanie Jasmin projette la neige d’un téléviseur. Majestueux, c’est le cas de le dire, les costumes de Daniel Fortin trahissent la folie et la grandeur de ces souveraines chancelantes.

Malgré une intrigue quelque peu complexe (inspirée par le Richard III de Shakespeare, la pièce est truffée de références historiques), Les Reines offrent une passionnante et toujours très actuelle méditation sur la soif de pouvoir. Émaillée de sarcasme et d’humour noir, la tragédie multiplie les ruptures de ton, embrasse volontairement grotesque et majesté. Cette langue, impétueuse et ciselée, lyrique et chirurgicale, mais surtout somptueuse, Denis Marleau trouve les moyens – notamment par une rigoureuse direction d’acteur – d’en dévoiler les moindres replis. Avec ce spectacle, le directeur de la compagnie UBU confirme ses extraordinaires affinités avec le théâtre de Chaurette. On espère déjà la prochaine collaboration.

Jusqu’au 26 novembre
Au Théâtre d’Aujourd’hui
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