Comédie et dramaticules : Clair obscur
Comédie et dramaticules, spectacle créé et mis en scène par Marie-Hélène Poulin, propose une réflexion sur la condition humaine, à travers des textes de Beckett et de Ionesco.
Dans la pénombre, un décor en plusieurs paliers; du sable, une fosse, un escalier, un objet massif ressemblant à un tombeau.
Des faisceaux de lumière percent l’obscurité; des personnages, parfois équipés de lampes frontales, parcourent le décor, en un prologue mystérieux, où on entend le chuchotement de voix indistinctes. Puis, entre un personnage à l’allure tout à fait beckettienne: costume noir, parapluie, l’air un peu décalé. C’est Eugène Ionesco, égaré, cherchant à se rendre à l’enterrement de son ami Samuel Beckett.
Après cette ouverture prometteuse, différents éléments s’entrecroisent: extraits de pièces de Beckett, informations sur les rites funéraires de différentes civilisations. Entre ces tableaux passent d’autres personnages, dont Beckett lui-même et une femme qui vient de perdre son père, le tout ponctué d’apparitions de Ionesco, livrant des bribes de sa vie à travers des fragments de son journal. Cimetière, chantier de fouilles archéologiques, chambre, théâtre: au fil du spectacle, le décor évoque différents lieux.
L’ensemble présente quelques moments forts liés, la plupart du temps, aux textes de Beckett: Solo, surtout, joué tout en nuances par Dominic La Vallée, magnifique dans le rôle d’un vieillard seul, en fin de parcours. Autrement, quelques belles images créées par la lumière (Christian Fontaine) et le décor (Élise Dubé).
Si l’unité thématique apparaît, par accumulation des informations, des images, de façon assez claire, la structure de la pièce semble un peu imprécise et le fil dramatique, ténu, malgré les apparitions régulières de Ionesco. On y parle de la mort, du désir de l’humain, depuis qu’il en a conscience, de la transcender, de la figure du père, dans une construction plutôt éclatée. Bien sûr, on est ici dans un monde onirique, auquel on ne saurait demander une cohérence constante. Mais parfois, cette manière impressionniste, comportant de plus certains passages dont il est difficile de comprendre la pertinence ou l’aspect soudain caricatural, embrouille et nuit à l’intérêt, à la profondeur de l’ensemble. Il subsiste toutefois, le spectacle terminé, quelques images, quelques réflexions frappantes sur cet élément fondamental de la vie humaine.
Jusqu’au 3 décembre
Au Théâtre Périscope
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