Darwin, We Have a Problem : Le Big Bang
Scène

Darwin, We Have a Problem : Le Big Bang

Darwin, We Have a Problem convie à une aventure échevelée chez l’être humain, du passé à un futur hypothétique, en passant par un présent pas toujours rassurant.

Texte de Philippe Savard librement inspiré de l’univers d’Umberto Eco et mis en scène par Olivier Lépine, Darwin, We Have a Problem propose une série de tableaux: hommes de Cro-Magnon devant le premier outil, devenant la première arme, débat spectacle chez les Grecs, découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, en direct à la télé, virée chez un père Noël aux méthodes pacifistes un peu déroutantes ou dans une Fédération intergalactique, à 600 ans d’ici… Chaque fois apparaît un univers différent, que suggèrent quelques cubes, déplacés, ré-agencés, quelques accessoires, les costumes et bien sûr, le jeu; au fond, un large carré percé de plusieurs portes, décor et outil de jeu aux multiples possibilités. D’un tableau à l’autre, les transformations du décor et les changements de costumes à vue, au ralenti, créent une cohésion entre ces mondes fantaisistes. À la richesse d’imagination du texte répondent la souplesse de la scénographie (Marie-Renée Bourget Harvey) et l’inventivité de la mise en scène, faisant alterner rythmes, tons et trouvailles, intégrant au jeu, de façon tout à fait réussie, quelques séquences filmées.

Le texte, bien écrit, souvent très drôle et volontiers absurde, critique la télévision, ses tics et son emprise, et aborde par l’humour, sans jamais s’appesantir, plusieurs questions sérieuses: désir de pouvoir, violence, voyeurisme dans une société où tout devient spectacle. Les comédiens, visiblement, s’amusent autant que les spectateurs durant cette folle équipée. Incarnant plusieurs personnages, ils sont tous excellents (Michel-Maxime Legault, Jocelyn Pelletier, Jean-Olivier St-Louis, Jessica Ruel-Thériault, Alexandrine Warren); polyvalents, méconnaissables d’un rôle à l’autre, ils jouent avec le plus grand sérieux les personnages les plus loufoques.

Au cœur de cet univers délirant, certaines scènes moins réussies, quelques longueurs ou accrocs techniques. Mais on aurait tort de s’y arrêter: tectoniK, pour sa première production, présente un spectacle fort intelligent, très ludique, plein d’enthousiasme et d’ingéniosité, non sans susciter quelques réflexions sérieuses. Réjouissant.

Jusqu’au 3 décembre à 20 h
À Premier Acte
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