La famille se crée en copulant : Ménage à trois
Scène

La famille se crée en copulant : Ménage à trois

Gaétan Nadeau tient le rôle du père dans La famille se crée en copulant, le plus récent spectacle de la troupe montréalaise PME.

Entre deux séjours à l’étranger, les membres du collectif PME reviennent à la maison. Écrite et mise en scène par Jacob Wren, la nouvelle création de la compagnie, La famille se crée en copulant, aborde de façon tout à fait unique les rouages de la mécanique familiale. Dévoilée au public montréalais en mai dernier, la pétillante réflexion multimédia reprend ces jours-ci l’affiche de l’Usine C.

Depuis sa sortie de l’UQAM, en 1987, Gaétan Nadeau a pris part aux aventures scéniques les plus hybrides. Du théâtre à la danse, en passant par la performance, le comédien a collaboré avec les créateurs les plus divers: Brigitte Haentjens (Malina, Hamlet-machine et Médée-matériau), Éric Jean (Hippocampe), Oleg Kisseliov (Élizaviéta Bam, La Leçon), Jean-Marie Papapietro (Abel et Bela), Nathalie Derome (Canada errant, Zap! le réel) et Mia Maure Danse (L’Hygiène de l’orateur). Étonnante, cette feuille de route traduit toute la polyvalence de l’interprète. "Je réclame le droit de passer d’un univers à un autre, lance-t-il. Cette liberté m’est vitale. J’espère ne jamais me faire cloisonner." Originaire de Toronto, Jacob Wren est établi à Montréal depuis 2002. Codirecteur artistique du groupe PME (avec Sylvie Lachance), il a dirigé En français comme en anglais, it’s easy to criticize (1998) et Unrehearsed Beauty / Le Génie des autres (2002), deux productions qui circulent encore aujourd’hui. Avec la compagnie STO Union, de Toronto, il a signé Recent Experiences et Revolutions in Therapy. Parce que ses réalisations repoussent les limites de la pratique théâtrale et abolissent les frontières entre les disciplines, l’artiste occupe une place enviable au sein de l’avant-garde internationale. Avec sa plus récente création, La famille se crée en copulant, Jacob Wren souhaite bousculer les idées reçues, éveiller les consciences, déclencher la réflexion. Tout en brossant le portrait contrasté d’un clan qui n’est traditionnel qu’en apparence, la représentation cherche à convaincre le spectateur de renoncer à devenir parent. Il faut bien admettre que le monde dans lequel nous vivons n’inspire pas toujours confiance. "C’est un spectacle qui veut, par l’absurde, inciter les gens à réfléchir sur les raisons qui les poussent à continuer de perpétuer la vie dans un monde de plus en plus chaotique, explique Nadeau. Au fond, c’est une façon de s’interroger sur l’avenir de notre société. Ce qui est bien, c’est que tout cela se fait par la bande. Ce n’est jamais didactique ou manichéen."

CELLULE VIVANTE

Comment définir l’amalgame de registres auquel la pièce expose le public? "Ça reste du théâtre, avance le comédien, parce qu’il y a un texte (traduit par Eva Labarias) et des personnages. En même temps, ça joue avec les codes, ça remet en question la représentation. Il y a quelque chose qui tient de la performance, parce que c’est livré sous forme de confessions et de témoignages, mais c’est tout à fait travaillé." L’environnement scénique de Jean-Pierre Gauthier, une véritable installation (au sens muséal du terme), émerveille. Signées Martin Bélanger, les chorégraphies colorent et traduisent les rapports entre les protagonistes. Le Père (Nadeau), la Mère (Tracy Wright) et la Fille (Laure Ottmann) sont les trois pôles d’une famille on ne peut plus dysfonctionnelle. "La famille est un concept universel, estime Nadeau. Je pense que ce que les gens aiment dans le spectacle, c’est de voir une cellule familiale crédible, des rapports qui ne sont pas idylliques entre les générations. Il y a des tensions, mais quelque part, ils essaient tous les trois de se retrouver, leur situation n’est pas sans issue."

Du 30 novembre au 4 décembre
À l’Usine C
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