Le malade imaginaire : Médecine moderne
Daniel Paquette présente une adaptation déconcertante du Malade imaginaire de Molière à la Salle Fred-Barry.
Il faut l’avouer, les relectures ont la cote. Même Antigone, sous la direction de Lorraine Pintal, semble se frotter à l’actuelle politique internationale. Dans la même voie, le Théâtre Denise-Pelletier cherche vigoureusement à capter l’attention de son public étudiant tout en lui permettant une odyssée dans le monde des œuvres majeures de la littérature. Or, si certains metteurs en scène savent galvaniser ainsi un public d’adolescents, il reste que l’exercice demande de la rigueur et des garde-fous.
De prime abord, il est fort difficile ici de déterminer le public cible de ce Malade imaginaire présenté par la Société Richard III. Grossissant les personnages sans en faire ressortir aucune réflexion, la proposition déroutante de Daniel Paquette nous laisse perplexe en ce qui concerne sa compréhension de l’œuvre. Sa relecture nous offre une série de personnages grotesques sans substance, annulant par le fait même tout propos. On se demande alors pourquoi le metteur en scène a éprouvé le désir de monter une pièce qui lui semble si risible et désuète.
Voulant renouveler l’œuvre en y ajoutant des remarques pastichant des publicités ou encore en habillant ses personnages à la dernière mode, Paquette mise paradoxalement sur une vision fort stéréotypée de la comédie. Voulant rendre hommage à la commedia dell’arte, Paquette privilégie une direction de jeu presque entièrement basée sur le cabotinage. Or, les lazzis diffèrent du cabotinage en ceci qu’ils sont habituellement travaillés comme de petits numéros de virtuose afin de servir la représentation. S’attaquer aux classiques de nos jours est certes un geste noble et courageux. Encore faut-il faire ses classes. L’entreprise, tout comme celle du jeu clownesque, nécessite une maîtrise dont le metteur en scène ne fait pas preuve ici.
Force est de constater que l’aventure demande aux acteurs une énergie et une humilité admirables. Ceux-ci plongent avec un dynamisme hors du commun dans ce fouillis de gags de mauvais goût qui, en voulant dénoncer le ridicule, ne semble malheureusement pas savoir le transcender.
Jusqu’au 12 décembre
À la Salle Fred-Barry
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