Devant les maîtres : Dans les coulisses du musée
Scène

Devant les maîtres : Dans les coulisses du musée

Devant les maîtres, écrit et mise en scène par Guy Beausoleil, amène un vent de fraîcheur et une ambiance festive autour du monde des musées.

Épouser ou attaquer le discours intellectuel sans faire de fausse note n’est pas une mince affaire. Guy Beausoleil et sa bande de jeunes comédiens (ils sont 11, presque tous sortis de l’école depuis moins d’un an) nous amènent au musée et arrivent à tenir un discours, à le bousculer, à le manipuler et à le retourner. Ils se servent de ce discours, de ces discours, pour en former un autre et s’éloigner des clichés. Pourtant, une fois passée la belle chanson d’introduction, le début de la pièce nous fait craindre le pire: des gardiens de musée se moquent des questions stupides posées par la clientèle et reconduisent, par le fait même, des clichés et un humour trop collégien par rapport à la suite, qui montre une finesse du langage et une ouverture d’esprit. Malgré le fait qu’il faudrait resserrer le début, réévaluer sa portée et la direction qu’il impose, l’ensemble du texte est intelligent et les comédiens savent en tirer parti.

À l’instar d’Homo erectus de Kim Taschereau, jouée au début du mois au Théâtre d’Aujourd’hui, Devant les maîtres, première production de la troupe Le Snark, traite autant des relations amoureuses que des panégyriques de l’art, en plus de s’intéresser à la critique, spécialisée, scolaire ou populaire. La pièce de Beausoleil non seulement évite de tomber dans le piège des palabres d’artistes frustrés, mais elle fait aussi montre de recherche et de multiples réflexions, elle possède des références et sait s’amuser avec elles sans copier bêtement les exposés de Pleynet, de Jimenez ou de Barthes. Les clins d’œil sont nombreux mais non exclusifs; tout dans cette pièce travaille à diminuer le fossé entre créateurs, amateurs, spécialistes ou simples "regardeurs" d’art. "Il faut toujours voir au-delà, prendre tout pour une fenêtre", disait le poète Roland Giguère. C’est précisément ce que fait cette pièce; elle ouvre des fenêtres, évitant de juger et accueillant plutôt chaque réflexion comme une avancée dans le dialogue. C’est une bouffée d’air frais, un divertissement brillant, que je recommande chaleureusement.

Jusqu’au 17 décembre
À la Salle intime du Théâtre Prospero
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