Les Bonobos : Instincts primaires
Scène

Les Bonobos : Instincts primaires

Avec Les Bonobos, Carole Nadeau pose un regard bien décevant sur la vie à deux.

Ces dernières années, Carole Nadeau nous a habitués à des lieux dits non théâtraux: le Bain Mathieu, la Station C, le Hors-Bord, etc. Pour sa nouvelle création, Les Bonobos, la directrice du Pont Bridge a choisi le Théâtre La Chapelle. Dans cet espace plus "conventionnel", la metteure en scène, scénographe et vidéaste dirige sa plus récente œuvre multidisciplinaire: une plongée sans aspérités dans les aléas de la vie à deux.

Sur le plateau ne se trouve qu’un canapé rouge. Au-dessus, une surface translucide accueille projections vidéo, ombres et reflets. Au milieu de cette accumulation de signes, Félixe Ross et Christophe Rapin font de leur mieux. Avec agilité, ferveur et talent, les deux jeunes acteurs incarnent plusieurs couples tiraillés entre leur besoin d’amour et leur soif de sexualité. Malgré cela, dans son examen des rapports affectifs et pulsionnels (comprendre animaux) de l’être humain, la représentation propose peu d’images fortes. Loin d’améliorer la situation, l’assemblage de textes sur lequel le spectacle s’appuie (Christophe Allwright, Stéphane Hogue, Heiner Müller, Fernando Pessoa et Georges Wolinski) s’avère plutôt fade. L’ensemble forme un enchaînement de tableaux impressionnistes et disparates à l’intérêt plus qu’inégal.

Soulignons tout de même l’efficacité de certains passages. Quand, par l’intermédiaire de la vidéo, Francine Beaudry et Michel Perrier personnifient, nus et vieillissants, la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont, les protagonistes de Quartett (une sulfureuse pièce inspirée à Müller par Les Liaisons dangereuses de Laclos), la salle retient son souffle. Quand Félixe Ross campe une animatrice de talk-show chargée d’interviewer un gourou de l’échangisme (des personnages tirés des bédés de Wolinski), le rire jaillit, et pour cause. Si cette production donne un nouveau chapitre aux explorations de Carole Nadeau sur le dédoublement, la réflexion et la multiplication des corps et des concepts, il faut bien admettre que celui-ci n’est pas des plus captivants. En assistant aux Bonobos, on se prend à imaginer la créatrice affranchie du poids des mots. Une fois entièrement dévouée au pouvoir des images, qui sait ce qu’elle pourrait offrir?

Jusqu’au 4 décembre
Au Théâtre La Chapelle
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