Un certain Stanislavski : Le théâtre et son double
Avec Un certain Stanislavski, Gabriel et Marcel Sabourin livrent une captivante fantaisie biographique.
Ces jours-ci, Gabriel et Marcel Sabourin donnent un magnifique coup d’envoi à la saison 2005-2006 du Nouveau Théâtre Expérimental. En coécrivant Un certain Stanislavski, les deux acteurs nous font communier à leur complicité père-fils, à leur amour du métier et à leur profonde passion pour l’homme de théâtre russe Constantin Stanislavski (1863-1938). Bien qu’elle soit très librement inspirée par l’existence du grand personnage, la fantaisie biographique dirigée par Louis Choquette ne semble pas moins authentique pour autant.
À l’automne 1930, Stanislavski (Marcel Sabourin) est dépressif et nostalgique. Seule source de bonheur dans son quotidien morose: une réalisatrice (Geneviève Rioux) affairée à la préparation d’un film relatant la vie du "trésor national" que l’homme est devenu. Acteur, pédagogue et metteur en scène, Stanislavski a élaboré un véritable système, une méthode qui, quoique contestée, a radicalement changé la manière d’entrevoir le jeu. Avec légèreté et sans une once de didactisme, le spectacle rend hommage à cet immense héritage. Quand le gourou rencontre le jeune comédien inexpérimenté et frondeur qui doit l’incarner à l’écran (Gabriel Sabourin), une saine mais houleuse conciliation s’amorce entre des visions artistiques et philosophiques pour le moins antagonistes. Dans le travail, maître et disciple laissent tomber les masques et s’apprivoisent, mutuellement. À ce jeu des similitudes et des dissemblances, les deux Sabourin se prêtent avec beaucoup de talent.
En évoquant le petit studio de Stanislavski, le scénographe Jean Bard a eu la judicieuse idée de mettre en évidence, grâce à la disposition des sièges, le rapport unissant la scène et la salle. Sous les éclairages de Marc Parent, le réalisme du lieu se teinte d’un certain mystère, une ambiance onirique que la riche conception sonore de Jean Derome appuie savamment. Pour une première mise en scène de théâtre, Louis Choquette s’en tire plus que bien. À sa manière de prendre possession des ressources qui s’offrent à lui, on ne se douterait pas qu’il est l’un des réalisateurs de téléséries les plus actifs du moment. Une nouvelle carrière en perspective?
Jusqu’au 17 décembre
À Espace libre
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