Benoit Girard : Théâtre de chambre
Benoit Girard signe l’adaptation de Petit déjeuner compris, une comédie de mœurs de la Française Christine Reverho.
En 1984, Benoit Girard saisit l’occasion que Jean Duceppe lui offre et ose sa première traduction: Les Petits Matins (Morning’s at Seven) de Paul Osborn, une pièce que Gilbert Lepage crée avec succès. Depuis, tout en poursuivant une importante carrière de comédien, l’homme a traduit et adapté une trentaine de textes américains, britanniques ou irlandais, le plus souvent pour le compte de la Compagnie Jean Duceppe. Pour mémoire, mentionnons Vol au-dessus d’un nid de coucou, Échec et Mat, Les Oiseaux de proie, La Preuve et Délicate Balance. Ces jours-ci, Monique Duceppe porte à la scène son adaptation de Petit déjeuner compris, une comédie de la Parisienne Christine Reverho. "C’est la première fois que l’on me demande d’adapter une pièce française, spécifie M. Girard. D’ailleurs, je ne l’ai presque pas adaptée. La construction était tellement solide que je n’ai rien changé. Je n’ai fait que lui apporter une musique québécoise."
Depuis 1995, la comédienne française Christine Reverho a participé à l’élaboration de multiples téléséries et téléfilms, dont Caméra Café, une émission dont le concept suscite un tel engouement qu’il a été acheté par de nombreux télédiffuseurs dans une dizaine de pays. À Paris, en juin 2004, Petit déjeuner compris, la première pièce de théâtre de madame Reverho, était créée avec beaucoup de succès par le Théâtre Fontaine. Avec ses 15 tableaux et ses 28 personnages, la comédie n’est pas sans évoquer les audaces formelles de certaines écritures télévisuelles. "Ce qui fait l’originalité et la modernité de cette pièce, c’est sa construction, lance celui qui en signe l’adaptation. Le personnage principal est une chambre d’hôtel. C’est une idée très originale! Sur une période d’environ deux ou trois ans, on y voit déambuler une trentaine de clients. Certains ne font que passer, d’autres reviennent. Il y a des voyageurs de commerce, des amants qui se rencontrent en cachette, un couple âgé qui vient assister à l’enterrement d’un ami… des gens de tous âges impliqués dans toutes sortes de situations."
AU-DELÀ DU VAUDEVILLE
Lors de sa création parisienne, Petit déjeuner compris a obtenu de très favorables critiques. Marion Thébaud, du journal Le Figaro, a écrit: "De l’éclat de rire à l’émotion, l’auteure nous promène d’un état à l’autre et nous tend un miroir." Ainsi, à partir d’un savant alliage de drame et de comédie, la pièce parviendrait à contourner les impératifs du théâtre de boulevard, autrement dit à transcender les ressorts souvent contraignants du vaudeville. "La pièce dresse un véritable portrait de société, estime Benoit Girard. Avec des dialogues savoureux et des scènes tantôt drôles, tantôt tendres et tantôt violentes, elle offre une fine observation des rapports humains, des instantanés qui décrivent l’évolution d’une société." Quand on lui demande le genre de travail d’adaptation que le texte de Reverho a nécessité, M. Girard, qui signe en moyenne deux traductions-adaptations par année, donne quelques exemples: "Dans la version originale, aucune ville n’est nommée. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il s’agit d’un hôtel au bord de la mer. Comme la pièce exigeait qu’il y ait une frontière territoriale et certaines grandes villes à proximité, je me suis imaginé que l’hôtel était situé dans les environs de Memphrémagog. En fait, pour chaque référence manifestement française, je m’efforce de trouver, sans trahir l’auteure, des équivalents québécois, de manière à ce que les rires et les larmes surviennent aux mêmes endroits. Au théâtre, ce qu’il faut avant tout parvenir à traduire, c’est l’émotion."
Pour ce spectacle, Monique Duceppe retrouve la plupart des acteurs qu’elle avait réunis pour Mambo Italiano, une comédie de Steve Galluccio dont la création avait obtenu un immense succès à Montréal et en tournée au Québec. Alors que Mireille Deyglun, Patrice Godin, Véronique Le Flaguais, Danielle Lépine, Normand Lévesque, Michel Poirier, Claude Prégent et Pierrette Robitaille endossent plusieurs rôles, Marie-Chantal Perron n’en défend qu’un seul, celui de la femme de chambre, un personnage qui sert de pivot à l’ensemble de la pièce. "On suit l’évolution de cette femme de chambre, affirme M. Girard, on entre dans sa vie privée. Grâce à elle, il y a une histoire qui se prolonge tout au long de la pièce, une histoire qui se termine par un punch."
Du 14 décembre 2005 au 4 février 2006
Au Théâtre Jean-Duceppe
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