Marie Chouinard : Soirée-cadeau
La chorégraphe Marie Chouinard rend hommage à l’interprète Carol Prieur afin de célébrer leurs noces d’étain. Une rencontre privilégiée…
Après dix ans de service, la plupart des entreprises soulignent le dévouement de leurs fidèles en leur remettant un bonus ou encore une montre. Carol Prieur, elle, se voit décerner un hommage pour ses années de carrière au sein de la Compagnie Marie Chouinard. Rien de moins…
"Lorsque j’ai appris que Marie voulait souligner les dix années qu’on vient de passer ensemble, ce fut un grand honneur, mais j’ai refusé. Le simple fait qu’elle ait pensé à une chose pareille m’a profondément émue et c’était déjà une belle marque de reconnaissance. Puis elle m’est revenue avec une série de solos, et j’ai alors décidé de prendre part au voyage, me disant que j’avais toujours embarqué dans ses projets, que je ne pouvais pas passer à côté de celui-ci où j’aurais une fois de plus la chance de mettre en valeur son œuvre."
Au programme de cette soirée intitulée Carol Prieur, une rencontre, d’abord deux extraits de pièces chorégraphiques reconnues, soit L’Après-midi d’un faune, créée en 1987, et Earthquake in the Heartchakra, datant de 1985. Ces œuvres ineffables, originellement interprétées par la chorégraphe d’exception, ont toutes deux déjà été reprises par Carol Prieur, dont l’interprétation est louangée par la créatrice. "Je crois que c’est très à propos de remonter L’Après-midi d’un faune car c’est un chef-d’œuvre qui surpasse le temps, d’expliquer la tête hommagée. Quant à la deuxième pièce, elle est tout aussi intéressante par sa folie, par ses couleurs."
Chaperonnée par la présentation de Cantique no 2, un film multi-écrans accompli où Carol Prieur et Benoît Lachambre expérimentent l’expressivité faciale, la première partie de ce spectacle laisse ensuite place à une intrusion privilégiée dans les coulisses de l’art chorégraphique. En ce sens, la diffusion d’une vidéo d’archives documentant la création d’un solo pour bODY_rEMIX / les_vARIATIONS_gOLDBERG invite le public à découvrir la relation qui lie la chorégraphe à son interprète, à épier comment les idées émises prennent forme.
Dans un même ordre d’idées, suit le clou de la soirée, la première mondiale d’un extrait de Mouvements, soixante-quatre dessins, un poême, une postface par Henri Michaux, Éditions Gallimard 1951, œuvre en chantier depuis septembre. "En 1980, Marie s’est fait offrir l’ouvrage Mouvements du poète et peintre Michaux. Composé d’une soixantaine de pages de dessins à l’encre de Chine, ce bouquin s’est transformé en partition chorégraphique dont on a entamé le décryptage cet automne. C’est un projet très inspirant! Les formes deviennent mouvements, chanson, poésie… Nous sommes passées à travers toutes sortes d’explorations que les spectateurs pourront déchiffrer en se référant aux dessins simultanément projetés."
Sortant des sentiers battus, Carol Prieur, une rencontre s’inscrit autant dans la catégorie des rétrospectives que dans la lignée des laboratoires ouverts. "Normalement, lorsque nous nous assoyons dans un théâtre, nous nous attendons à voir un spectacle peaufiné, rodé. Ce qui est intéressant avec la soirée que nous proposons, c’est que nous invitons le public à découvrir des chefs-d’œuvre tout en lui proposant une rencontre intimiste avec la chorégraphe, avec l’interprète. Je suis emballée à l’idée de cette proximité. Voyez-vous, même après dix ans, il y a toujours de la nouveauté. Les possibilités grandissent et, finalement, j’ai l’impression d’être au commencement. Il y a toujours de quoi goûter, savourer. Pour moi, c’est ça la danse!"
À noter: Carol Prieur rencontrera le public après le spectacle.
Les 8, 9 et 10 décembre
À la Cinquième Salle de la Place des Arts
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