Le Théâtre Urbi et Orbi : Noir désir

Le principe des Contes urbains est connu des aficionados. Des auteurs y livrent, par la voix d’acteurs métamorphosés en conteurs, une histoire selon un thème. Cette année, la soirée renoue avec la ville dans le temps des Fêtes, une façon de nous préparer aux éternelles confrontations de cette période mouvementée de l’année.

Volontairement discontinue, accidentée, la soirée propose cette fois des contes fort variés. L’événement s’ouvre avec Mémoire à blanc, une histoire écrite et racontée par le comédien Justin Laramée (Toutou Rien) qui participe pour la première fois à l’aventure des Contes. Traitant de la relation contradictoire qu’entretient un jeune garçon avec sa famille, Laramée signe ici un texte où la langue morcelée typique des adolescents gagne en pertinence lorsque jouxtée à la poésie.

Éric Forget interprète avec une emphase inquiétante un texte d’Olivier Choinière sondant la crise existentielle d’un homme au bord du suicide. Choinière s’amuse ici à trimbaler le spectateur du comique au sérieux, une tactique que Forget souligne avec habileté. Michel Faubert signe quant à lui un conte plus traditionnel racontant la mort mystérieuse d’un homme la nuit de Noël. Plutôt que de se baser sur un texte préalablement écrit, l’acteur Rémi-Pierre Paquin, qui interprète ce conte, semble s’appuyer sur un canevas. Un choix traditionnel qui favorise la complicité avec le public mais qui atténue peut-être la portée de l’histoire de Faubert.

Un des moments forts de la soirée revient sans conteste à Fabien Cloutier, qui interprète ici son texte intitulé Ousqu’ié Chabot, un conte cru et provocant qui réussit malgré tout à déclencher des fous rires dans le public. Outre sa performance scénique, Cloutier allie adroitement l’égrillard et le trivial à la mythologie québécoise, offrant ainsi un texte paradoxal fort intéressant.

Enfin, Stéphane Jacques clôt la soirée magnifiquement en nous livrant Transsexuel, texte d’une humanité troublante d’Yvan Bienvenue. L’auteur nous démontre avec ce conte sa capacité à métamorphoser la souffrance en chatoiement. Joyeux Noël!

Jusqu’au 17 décembre
Au Théâtre La Licorne
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