Show d’vaches au Bitch Club Paradise : Front d’vaches
Show d’vaches au Bitch Club Paradise est ce cabaret de filles auquel participe près d’une trentaine d’artistes de Québec. Un grand party, à la fois drôle, enlevé et éloquent.
Au gré des interventions d’une bitch de cérémonie, opposant à des lettres de femmes en quête de réponses un cynisme percutant, se déploie l’univers de Show d’vaches au Bitch Club Paradise, un mélange hétéroclite de sketches, de monologues, de lectures, de danse et de chansons originales, où on parle d’insécurité, de violence, de compétition, d’émotions, d’engagement, de jalousie, de trahison, de maternité, de sexe, d’amitié, de surmenage et toutim, à travers notamment les déambulations d’une jeune femme qui cherche L’Amour, un lieu ne figurant apparemment sur aucune carte, les leçons de la Grosse Roberte, qui peut par exemple vous expliquer du même coup le conflit israélo-palestinien et le spm, l’exploration d’une sacoche par une bande de chirurgiens à moustaches et bien d’autres histoires, rivalisant de saveur et de relief.
Des numéros qui, selon les goûts et les sensibilités, plairont diversement aux uns et aux autres, mais parmi lesquels chacun devrait ultimement trouver son compte, et qui, quoique contrastés, ont le mérite de former un tout, non seulement en raison de leur sujet commun – la femme -, mais aussi, de cet esprit de feu d’artifice par lequel le spectacle affirme son unité. En effet, alors que le décor décline baroque et clinquant en mode western-rococo et que les costumes bigarrés jouent l’inspiration tantôt cow-girl tantôt french cancan, l’ensemble tire sa cohérence de sa folie et sa poésie de son franc-parler, en donnant dans l’extravagance sans la moindre prétention et en touchant à travers l’humour mordant de textes généralement courts, punchés, finement ciselés et décapants. Ici, c’est le comique qui, surtout, s’impose et séduit, souvent noir pour un rire jaune. À tel point qu’il est presque surprenant de voir les passages plus dramatiques émouvoir autant, arriver à marquer une pause sans rompre l’équilibre, alors qu’on replonge aussitôt après dans le feu de l’action.
Pour cette grande aventure, les filles tenaient à se laisser le plus de liberté possible, et ça se sent à l’authenticité de même qu’à l’audace de ce show débridé et irrévérencieux. Elles voulaient aussi que ce soit le party… Eh bien, c’est mission accomplie, tandis qu’avec sa formule cabaret (tables et bar-saloon dans la salle) et son côté spectaculaire, entre des airs qui savent mettre en valeur autant les mots que les ambiances, ainsi que les chorégraphies pleines de clins d’œil et de swing, elles nous proposent une soirée festive, qui déménage, suivant une mise en scène dynamique, aux allures d’orchestration. Mais surtout, c’est l’enthousiasme et l’intensité des interprètes, le fait qu’elles s’éclatent littéralement sur scène qui s’avèrent contagieux. Quant à savoir si la parole qu’elles portent traduit effectivement les préoccupations des femmes d’aujourd’hui, disons simplement qu’elle le fait probablement aussi bien que les Québec-Montréal et autres Horloge biologique pour les gars. C’est dire que ça devrait les intéresser, eux aussi…
Jusqu’au 30 décembre à 21 h
Au Théâtre Périscope
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