Petit déjeuner compris : Dans de beaux draps
Scène

Petit déjeuner compris : Dans de beaux draps

Petit déjeuner compris, un boulevard livré de la manière la plus conventionnelle qui soit.

Pour la période des Fêtes, la Compagnie Jean Duceppe a choisi de programmer Petit déjeuner compris, une comédie contemporaine s’inscrivant dans la plus pure tradition du théâtre de boulevard. Malheureusement, la première pièce de la Parisienne Christine Reverho (créée dans la Ville lumière en 2004) ne présente pas une once d’originalité. Une situation que les choix de la metteure en scène Monique Duceppe n’améliorent en rien.

Neuf comédiens défilent dans une chambre d’hôtel, lieu par excellence du vaudeville, afin d’esquisser une trentaine de personnages plus stéréotypés les uns que les autres. Si Pierrette Robitaille et Véronique Le Flaguais tirent leur épingle du jeu, le reste de la distribution fait souvent pâle figure. Pour que le spectateur saisisse que ces scènes de la vie conjugale sont en quelque sorte racontées par la chambre elle-même, les individus qui l’ont habitée ne cessent de s’y croiser, sans se voir, comme des fantômes. Or, bien que le procédé ne soit pas inintéressant, ces chassés-croisés tournent rapidement à vide. Dans le même ordre d’idées, comment expliquer que le personnage de Marie-Chantal Perron, une chambrière censée servir de pivot à l’action, disparaisse pendant de si longues périodes que l’on finit par en oublier l’existence? Ici, le couple est décliné sur tous les modes, l’amour est dans tous ses états. Pourtant, les hommes sont machistes, manipulateurs ou alcooliques; les femmes, trompées, naïves ou hystériques. Les aventures de cette galerie de caricatures sont si banales et ennuyeuses que l’on se prend à regretter que le scénographe Marcel Dauphinais n’ait pas, pour une fois, érigé entre la scène et la salle ce quatrième mur que l’on cherche d’ordinaire à abattre.

Avec ses dialogues au ton franchement téléromanesque (saupoudrés par Benoit Girard de quelques références québécoises), la pièce est une suite de moments anecdotiques sans autre fil d’Ariane que le rire. Chacune des composantes de la représentation – thèmes, situations, style de jeu, mise en scène, décor… – répond aux impératifs du théâtre d’été. Le plus grave, c’est que le tout est livré avec un tel manque d’audace que même les amateurs du genre risquent de sortir déçus.

Jusqu’au 4 février 2006
Au Théâtre Jean-Duceppe
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