Revue de l'année Théâtre : Top Théâtre
Scène

Revue de l’année Théâtre : Top Théâtre

Dans son sillage, l’année 2005 laisse réflexions, histoires et personnages surgis de textes surtout contemporains, dont plusieurs québécois, et de multiples créations. Coup d’oeil à mes spectacles préférés.

Le spectacle de l’année 2005? Festen, présenté cet automne par le Théâtre Blanc, au Périscope. Mise en scène et adaptée par Martin Genest du film de Thomas Vinterberg, la pièce conviait le public à une fête: anniversaire, d’abord, d’Antoine, père de famille en apparence exemplaire; célébration, surtout, du théâtre, dans une cérémonie où tous les éléments de la représentation – jeu, environnement sonore, décor, éclairage, odeurs, même – concouraient à créer un rapport de proximité, de complicité entre les acteurs et les spectateurs devenus les invités de cette fête, quelques-uns, même, s’assoyant à table avec les comédiens, partageant leur repas. Si certains, n’ayant pas vu le film, ont regretté que le texte donne peu de détails avant le dévoilement, en coup de théâtre brutal, du passé trouble du patriarche et de ses conséquences dramatiques, la cohérence de la mise en scène et sa pertinence font de Festen un spectacle marquant de la moisson 2005. Au-delà de l’exercice esthétique, le contact étroit et constant entre spectacle et spectateurs donnait au texte une grande force, liant public et personnages dans l’indignation devant les révélations étonnantes, portant ainsi très loin le propos de la pièce. On ne peut que saluer l’audace, la précision et l’inventivité d’une telle mise en scène, utilisant avec une simplicité et une maîtrise enthousiasmantes les codes théâtraux. Chapeau à toute l’équipe.

En 2e position, ex æquo, Six personnages en quête d’auteur, pièce de Pirandello aux considérations vertigineuses sur les rapports entre réalité et illusion artistique, efficacement suggérées par la mise en scène de Marie Gignac, et Le Discours de la méthode, fantaisie érudite et festive présentée et adaptée de l’œuvre de René Descartes par nul autre que l’inénarrable Loup Bleu et sa meute du Théâtre du Sous-Marin Jaune. En 3e position, Show d’vaches au Bitch Club Paradise, cabaret "de filles" mêlant théâtre, chansons et danse, création d’une trentaine d’artistes, dont une quinzaine sur scène: un discours de femmes imaginatif, critique, drôle, souvent prenant; et quelle énergie! À l’affiche jusqu’au 30 décembre. Enfin, pour l’ingéniosité et la folie, Le conte d’hiver de Shakespeare, bravement présenté dans les plus grands froids de l’hiver dernier… dehors, par le bien nommé Théâtre Sous-Zéro. Reprise cet hiver, à ne pas manquer.