Carmen Jolin : Retour en enfance
Scène

Carmen Jolin : Retour en enfance

Carmen Jolin dirige la version finale de son adaptation du roman de Witold Gombrowicz, Ferdydurke, et nous promet de grands éclats de rire.

À l’automne 2004, le Groupe de la Veillée avait mis à l’honneur l’écrivain polonais Witold Gombrowicz en adaptant sur scène deux de ses romans, Trans-Atlantique et Ferdydurke. Aujourd’hui, la metteure en scène Carmen Jolin présente la version retravaillée de son adaptation de Ferdydurke grâce à une équipe élargie.

La première fois, le Théâtre Prospero n’avait pu présenter que quelques épisodes de l’histoire de Jojo, un homme qui devient un enfant à force d’être traité comme tel. La pièce finale comprend les trois passages principaux de ce roman initiatique écrit en 1937 où le narrateur, heurté par la société, se voit obligé d’endosser une "gueule", une personnalité différente. Dans un premier temps, Jojo est amené de force sur les bancs de l’école. Replongé dans son adolescence, il est tiré vers le bas par ses camarades de classe et soumis à l’autorité de professeurs qui tentent de le modeler à leur image. Ensuite, le héros est conduit en pension dans la famille Lejeune, férue de modernisme, où il tombe amoureux de la fille de la maison, Zuta, qui cherche elle aussi à lui imposer ses propres valeurs. Puis Jojo part à la campagne à la recherche d’un être mythique, le "valet de ferme" pur et non déformé par la société.

En mettant en scène ce roman qu’elle connaissait pourtant depuis longtemps, Carmen Jolin a été surprise de découvrir son puissant potentiel comique et burlesque. Des registres qu’elle avait peu travaillés auparavant. "Je n’ai jamais tant ri de ma vie!" remarque-t-elle en parlant du déroulement des répétitions. "Cela me surprend d’être à l’aise dans cette tonalité, mais pour tout dire, ça fait du bien!" avoue-t-elle, enthousiaste. "C’est un roman juteux, osé, à l’écriture très libre, les questions philosophiques sous-jacentes de la liberté et de la quête de l’authenticité de soi-même sont véritablement incarnées dans des situations, des personnages et des dialogues savoureux. C’est une machine à faire du théâtre", poursuit-elle.

Les voix, les costumes et les attitudes des personnages ont donc été puisés à la source même du texte de Gombrowicz, en utilisant les riches descriptions du roman comme autant de didascalies. L’adaptation, qui conserve les dialogues originaux, cherche à restituer la vivacité du roman grâce à une composition précise et épurée dans laquelle les acteurs sont toujours en mouvement. "Le corps est au cœur de la pensée et des préoccupations existentielles de Gombrowicz. D’abord le corps personnel et privé, puis le corps social, celui de l’école, celui de la famille, le corps historique, avec toutes leurs hiérarchies. Il n’y a plus qu’à concrétiser les dessins de ces corps imaginés par l’auteur, puis à les laisser s’animer dans l’espace. Dans mon espace imaginaire puis dans l’espace scénique", explique Carmen Jolin.

Du 17 janvier au 4 février
Au Théâtre Prospero
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