Steve Normandin : La valeur de l’art
Steve Normandin et Yannick Legault, avec La Foire aux escrocs, dénoncent la commercialisation de l’art.
Dans un monde capitaliste, la gratuité n’existe pas. Tout est prétexte à faire la piastre. Et la culture n’y échappe pas: on crée des rock stars de toutes pièces, on imagine mille et un produits dérivés d’œuvres célèbres… Préoccupés par la situation, Steve Normandin, d’abord connu comme accordéoniste, et le comédien Yannick Legault ont écrit La Foire aux escrocs, une pièce fragmentée où ils dénoncent la commercialisation malsaine de l’art avec un soupçon de folie.
Pour rendre de façon juste leur opinion sur le sujet, ils ont choisi d’exploiter une forme théâtrale méconnue au Québec: "l’entre-sors". C’est dans une foire à Namur, il y a quelques années, que Steve Normandin a été en contact avec cette dernière. "L’entre-sors, c’est souvent sous une petite tente ou dans un lieu fermé. Tu payes pour entrer voir le spectacle. Soit c’est un article qui est exposé, soit c’est quelqu’un qui fait un numéro de trois ou quatre minutes. Et une fois que tu as vu le numéro, qui est très, très rapide, ça aiguise tes sens et hop! tu sors. Puis, c’est une autre vague de public de 20 à 30 personnes qui entrent", explique-t-il. Le musicien poursuit: "À travers ça, il y avait tout l’esprit de contestation. On se disait: "C’est bête, actuellement, si tu veux être reconnu d’un certain vaste public, tu dois être dans la grosse machine." Avant, chacun pouvait tirer ses ficelles. Ça a toujours été assez difficile pour ceux qui travaillaient en dessous, mais là, il y a une espèce d’énergie bizarre qui fait en sorte que les gens n’ont peut-être pas autant de curiosité." Ainsi, le duo s’est mis à philosopher sur les différentes formes d’art. "Et à travers cette philosophie-là, on s’est demandé qu’est-ce qu’on pourrait faire pour dénoncer ce qui ne fonctionne pas bien. […] Qu’un artiste puisse vivre de son métier, c’est normal. Mais que des gens exploitent d’autres personnes sur le principe que c’est une business, alors que le public demande seulement à être émerveillé, non."
Ainsi, ils ont donné vie à deux sympathiques escrocs voulant faire de l’argent à tout prix. Ils abordent différents thèmes dans de courts sketches. "Des fois, on se demande s’il n’y a pas des tabous qu’on ne percera pas. Parce que l’argent, dans le domaine de l’art, c’est toujours assez tabou", soutient Yannick Legault. Le spectacle, ponctué de chansons, se veut très jovial. Il évoluera au fil des représentations. Il a d’ailleurs été bâti pour être exportable.
Du mercredi au samedi, du 18 janvier au 4 février
Au Studio Théâtre Etcetera
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