Dominique Porte : Jeu de perspectives
Scène

Dominique Porte : Jeu de perspectives

Dominique Porte convie le public à s’immerger au cœur d’Exit, pièce créée en coproduction avec l’Ensemble contemporain de Montréal.

Friands de danse ou néophytes, le nom de Dominique Porte évoque assurément quelque chose de familier à vos oreilles. Compréhensible, si l’on se penche sur la multiplicité de productions auxquelles elle a participé au cours des dernières années… Reconnue pour sa précision ainsi que pour la fluidité de ses œuvres, la chorégraphe d’origine française nous revient en ouverture de la saison hivernale de l’Agora avec Exit, une œuvre charnière dans l’évolution artistique de sa compagnie, Système D.

Issu d’une proposition de Véronique Lacroix, fondatrice et chef d’orchestre de l’Ensemble contemporain de Montréal (ECM), Exit s’est édifié sur les compositions musicales des Canadiens James Harley, Nicolas Gilbert, Michael Oesterle et Howard Bachaw. Caractérisant le parcours de la chorégraphe, la musique interprétée en direct en fait partie intégrante avec le percussionniste Philip Hornsey et la pianiste Pamela Reimer, mais cette fois-ci dans un environnement entièrement déconstruit pour être mieux réinventé.

Habitués du Studio de l’Agora, ne vous attendez pas à vous asseoir dans les gradins tels que vous les connaissez. Ils ont été condamnés afin de décloisonner l’espace et sont utilisés à titre de lieu scénographique, où est érigée une pyramide de sièges vides occupée par les musiciens et les danseurs. Vous serez plutôt invités à prendre place sur l’un des 138 sièges qui bordent la scène habituelle, offrant un accès privilégié à une plus grande intimité et à une démultiplication des perspectives. "J’ai eu envie de jouer sur les perspectives en défiant les limites qu’on s’impose, explique la créatrice. En intégrant les spectateurs à la scénographie, certaines barrières tombent et un rapprochement peut se faire. On peut alors questionner le rapport de présence, ce qui est à l’intérieur et à l’extérieur."

Alors qu’avec sa dernière pièce, Plus seule qu’en solo (2004), Dominique Porte réussissait un tour de force en abordant le thème du respect de l’autre, elle a cette fois-ci renversé les structures de son processus créatif et s’est laissé alimenter par l’aisance et la limitation auxquelles elle était confrontée à la fois du côté musical et scénographique. "La matière sonore m’a poussée à déconstruire les habitudes scéniques et j’ai travaillé le mouvement corporel différemment, en relation avec des états tirés du quotidien, de l’inconscient."

Divisée en quatre tableaux, Chut, L’Absence, Exit et Vertigo, sa nouvelle pièce est constituée de solos, duos, trios et quatuors fortement inspirés de l’énergie des danseurs qui accompagnent la chorégraphe sur scène, soit sa fidèle acolyte Sara Hanley, Jean-François Déziel (Cortex, 1999) et Bernard Martin (projet Osez). Incorporées à titre d’extension scénographique, des projections ajoutent au déséquilibre évoqué en mettant au défi l’état de présence des spectateurs. Saurons-nous où donner de la tête? Une expérience qui promet…

Au Studio de l’Agora de la danse
Jusqu’au 21, et du 26 au 28 janvier
Voir calendrier Danse