Jean-Rock Gaudreault : Pendant que les champs brûlent
Scène

Jean-Rock Gaudreault : Pendant que les champs brûlent

Jean-Rock Gaudreault, ces jours-ci, est un peu fébrile. Sa pièce Comment parler de Dieu à un enfant pendant que le monde pleure prend l’affiche au Trident, en Première mondiale.

Coproduction du Théâtre du Trident avec le Théâtre les gens d’en bas et Logomotive Théâtre, Comment parler de Dieu à un enfant pendant que le monde pleure est déjà promise à un bel avenir. Tout juste publiée, la pièce sera présentée, après sa création à Québec, chez ses coproducteurs: l’été prochain au Bic, et à l’automne, en tournée en Normandie.

C’est avec grand enthousiasme que Jean-Rock Gaudreault parle de son métier de dramaturge. "Quand j’écris une pièce, j’ai une idée de départ, souvent un titre aussi, et pendant quelques années, j’y pense, je prends quelques notes. Je vis avec le personnage: j’essaie, dans la vie quotidienne, de me demander ce qu’il penserait de telle ou telle chose. J’en arrive à une grande intimité avec lui; vient un moment où j’entends sa voix. C’est très auditif, pour moi, l’écriture de théâtre."

Écrivain prolifique, formé à l’École nationale, Jean-Rock Gaudreault a vu plusieurs fois son travail mis en nomination ou primé, notamment aux Masques; il est joué au Québec et ailleurs au Canada, aux États-Unis, en Europe et même au Japon. Reconnu, en particulier, en théâtre jeunesse, il affirme que Comment parler… n’est absolument pas "un texte jeunesse qui a mal viré…"

Steve, Casque bleu en mission dans un pays dévasté par la guerre, rencontre parmi les décombres d’un village un enfant qui semble avoir tout vu, tout vécu. En résulte une discussion où se confrontent les images, où les rôles ne sont pas toujours ceux qu’on attendrait. "La pièce trouve sa source dans ma fascination pour le personnage du Casque bleu. Qu’est-ce qu’on fait, nous, Québécois à l’étranger, sortis de notre cocon, de notre confort, dans une situation comme celle-là? Ce gars-là, quand il est plongé dans la guerre, comment réagit-il? Comment moi je réagirais? Surtout en rencontrant un personnage comme cet enfant, qui nous renvoie tout ce qu’on est, qui met à l’envers la situation de départ. C’est ce que je me suis demandé."

En cours de travail, le personnage de l’enfant s’est rapidement imposé. "Je l’entendais vraiment bien. Il est cette espèce de conscience qui nous parle. C’est lui qui provoque le soldat, le bouscule: "Qu’est-ce que tu fais là? D’où tu viens?". Il pose un jugement sur la société de Steve, une société qui s’est beaucoup ramollie dans ses valeurs, j’oserais dire. Il a vécu de la souffrance qu’on ne connaît pas du tout et que comme civilisation, je pense, on ne peut même pas comprendre. J’aime ça parfois qu’un personnage porte un discours qui n’est pas le mien, pour interroger, pour générer la réflexion. Je ne veux pas imposer une pensée; je cherche quelque chose avec le public, j’explore. Mon rapport à l’écriture, c’est ça."

Jean-Paul Viot signe la mise en scène, et travaille avec les comédiens Claude Despins et Catherine Larochelle, et les concepteurs Philippe Marioge, Jennifer Tremblay, André Rioux, Marc Vallée et Vanessa Cadrin.

Du 17 janvier au 11 février
Au Grand Théâtre
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