Comment parler de Dieu à un enfant pendant que le monde pleure : Sous les bombes
Comment parler de Dieu à un enfant pendant que le monde pleure nous fait plonger dans le vide d’une terre en guerre. S’y rencontrent deux personnages, deux univers.
Steve (Claude Despins) est Casque bleu, en poste dans un pays que dévore la guerre. À travers les décombres d’un village, il rencontre un enfant (Catherine Larochelle) brillant, qui semble tout connaître, tout comprendre. S’engage entre eux une discussion, une relation où ricochent réflexions, jeux de pouvoir.
Le texte de Jean-Rock Gaudreault touche une question importante: quelle aide une société comme la nôtre peut-elle apporter à un pays détruit? Et comment? Malgré la pertinence du sujet, le texte, par moments, semble un peu foisonnant: plusieurs trames se croisent, ce qui entraîne parfois une impression d’éparpillement, nuisant à l’intérêt ou au dessin des personnages, mais surtout à l’efficacité de la réflexion en masquant, momentanément, les enjeux premiers de la pièce.
Si le propos n’est pas toujours limpide, la pièce pose toutefois des questions justes, comporte des épisodes poignants et plusieurs images très fortes. Mis en scène par Jean-Paul Viot, le spectacle offre plusieurs moments de grande beauté, liés notamment aux décor (Philippe Marioge), éclairages (André Rioux), musique (Marc Vallée), tous remarquables. L’ouverture et la finale de la pièce, notamment, sont magnifiques.
L’interprétation, de façon générale, sonne juste, et les deux comédiens se livrent un duel énergique. Dans le rôle de l’enfant, Catherine Larochelle est particulièrement impressionnante: par son jeu très physique – elle est faune, feu follet -, mais aussi par les nuances de son interprétation – variété du ton et des regards, mélange d’autorité et de dérision. Parfois grave et dur, son personnage, à d’autres moments, bondit, provoque, rit et, plein de vie, semble une parcelle de joie pure.
Entre ce petit Gavroche du Sud et ce soldat désemparé du Nord, plusieurs étincelles: impatience, incompréhension, douleur. Mais peut-être aussi lumière de l’échange, de la fraternité.
Jusqu’au 11 février
Au Grand Théâtre
Voir calendrier Théâtre