Le Malade imaginaire : Remède miracle
Scène

Le Malade imaginaire : Remède miracle

Avec Le Malade imaginaire, Carl Béchard transforme la scène du TNM en un captivant carnaval.

Fort de ses 20 ans d’expérience à titre de comédien, Carl Béchard endosse sans aucune difficulté les habits de metteur en scène. Entre les murs du Théâtre du Nouveau Monde, l’homme a imaginé une irrésistible plongée dans la quintessence du génie moliéresque.

La représentation s’appuie sur un dépouillement scénographique, une sobriété agréable (parce que de plus en plus rare lorsqu’il s’agit de Molière) et diablement efficace. D’un bois blond, le plateau conçu par Geneviève Lizotte évoque les mythiques tréteaux. En fond de scène, de grandes toiles suffisent à suggérer la chambre d’Argan et d’autres environnements, bien plus fantaisistes. Grâce aux éclairages de Martin Labrecque, le décor dévoile toutes ses subtilités. En guise de contrepoint à toute cette retenue, Marc Sénécal signe des costumes magnifiques, débordants de formes et de couleurs. Dans le tableau splendide que composent les différentes conceptions, ces habits, secondés par les coiffures et perruques de Louis Bond, volent indéniablement la vedette.

Heureusement, Carl Béchard a pris le beau risque de monter la comédie dans son intégralité, ballets et intermèdes compris. À quelques exceptions près (les voix timides des interprètes et un polichinelle plutôt lassant), le pari est brillamment relevé. Bénéficiant des mélodies hybrides de Carol Bergeron, où les cordes côtoient les tuyaux, et des chorégraphies bondissantes de Louise Lussier, les ballets divertissent grandement. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Alain Zouvi est tout à fait à sa place sur le "trône" d’Argan. Comme ses collègues de jeu – une impeccable distribution -, l’acteur se tient loin de toute caricature. Pascale Montpetit se surpasse, Patrice Coquereau et Gérard Poirer sont à la hauteur de leur réputation et Monique Spaziani est hilarante. Parmi les plus jeunes, Marie-Ève Beaulieu démontre un grand sens comique et Bénédicte Décary fait preuve d’une assurance qu’on ne lui connaissait pas. Ce Malade imaginaire est si brillamment défendu et si rondement mené qu’il risque bien de séduire les fervents admirateurs de ce cher Jean-Baptiste aussi bien que ceux qui, d’ordinaire, y sont réfractaires.

Jusqu’au 11 février et en supplémentaires du 14 au 16 février
Au Théâtre du Nouveau Monde
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