Bhopal : Je me souviens
Scène

Bhopal : Je me souviens

Bhopal, un théâtre documentaire de Rahul Varma que Philippe Soldevila porte tant bien que mal à la scène.

Dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984, un nuage de gaz toxiques s’échappe de l’usine de pesticides Union Carbide à Bhopal, en Inde. Vingt ans plus tard, les conséquences de cet accident, considéré comme la pire catastrophe chimique de l’histoire, perdurent et affectent gravement la qualité de vie des habitants. Soucieux de rappeler les tenants et aboutissants de cette catastrophe humaine et écologique, le Théâtre Teesri Duniya de Montréal et le Théâtre Sortie de Secours de Québec ont collaboré à la création francophone d’un théâtre documentaire intitulé Bhopal. Le texte de Rahul Varma, traduit par Paul Lefebvre, est mis en scène par Philippe Soldevila. Le résultat est un objet théâtral étrange, plein de bonnes intentions, mais indubitablement bancal.

L’action oscille entre la misère des bidonvilles et l’opulence de réceptions où les dirigeants de la multinationale et ceux de l’État indien se courtisent. Truffés de faits et de statistiques, les dialogues s’enlisent souvent dans le didactisme, empêchant toute montée dramatique de s’établir. Cela dit, comme la pièce ne prend pas parti, elle évite noblement de sombrer dans une vision manichéenne. Bien au contraire, tous les intervenants semblent avoir leur part de responsabilité dans l’horrible tournure des événements.

Aussi dépouillée que l’espace imaginé par Christian Fontaine, la mise en scène de Soldevila est efficace. Soignés, les déplacements des acteurs, continuellement sur le plateau, sont joliment chorégraphiés. Les étoffes dont Marie-France Larivière a revêtu les interprètes offrent d’intéressantes possibilités scéniques. Les instruments d’Amir Amiri et Patrick Graham, deux musiciens présents sur scène, accompagnent chaque instant de la représentation, mieux, lui insufflent son rythme. Agréables et bien exécutés, les chants et les danses d’Aparna Sindhoor ne sont malheureusement pas toujours justifiés. En fait, là où le bât blesse véritablement, c’est au chapitre du jeu. Les amateurs côtoient les professionnels. On ne le répétera jamais assez, le mélange, à moins de tenir un rôle précis, n’est pas heureux. Le manque d’expérience et de justesse des uns invalide les efforts des autres.

Jusqu’au 18 février
À Espace Libre
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