Daniel Parent : Déflagrations
Scène

Daniel Parent : Déflagrations

Daniel Parent se prépare à revisiter le rôle du bourreau dans Big Shoot, une pièce-choc qui sonde les démons de l’être. Entretien avec le comédien natif de l’Outaouais…

Créée à Montréal en septembre dernier, cette coproduction des Lézards qui bougent, de France, et du Théâtre Denise-Pelletier, de Montréal, fait un arrêt de quatre jours à Ottawa, au Théâtre de la Vieille 17, avant de s’envoler vers la France. Cette pièce aride de l’auteur ivoirien Koffi Kwahulé est ici mise en scène par Kristian Frédric, metteur en scène qui offrait La Nuit juste avant les forêts de Koltès, avec Denis Lavant, il y a deux ans.

Cette fois, il a convié des acteurs québécois – d’abord Sébastien Ricard, maintenant Stéphane Simard et Daniel Parent – pour rendre cet incroyable duel entre un bourreau et son obsédante victime. "C’est un archétype du bourreau depuis le début des temps qui rencontre la dernière victime sur Terre, la dernière personne qu’il a à tuer, raconte Daniel Parent, au bout du fil. On dit "sur Terre", mais c’est encore un peu métaphysique. Cette victime veut mourir, alors que le bourreau a décidé qu’il voulait sauver la dernière victime."

Dès le début de la pièce, la violence verbale prend toute la place, alors que le bourreau insulte sa victime à coups de mots cinglants. "Ce qu’il dit surtout, c’est qu’il veut faire une œuvre d’art, il veut que la victime se défende, qu’elle essaye de sauver sa peau. Pour lui, c’est à ce moment-là qu’il est possible de faire une œuvre d’art…" La violence physique se faufilera ensuite entre les deux protagonistes telle un serpent vicieux. "En même temps, le bourreau est très violent, il va essayer par tous les moyens de faire sortir la vie. C’est très paradoxal."

Pour le comédien qui vit du théâtre depuis sa sortie de Lionel-Groulx il y a 10 ans, le sentiment de violence "est comme un autre. C’est pas plus épeurant que de dire "je t’aime", c’est juste une façon de jouer. J’ai pas beaucoup de difficulté à canaliser ça".

Dès le début de la pièce, la violence verbale prend toute la place, alors que le bourreau insulte sa victime à coups de mots cinglants
Photo: Robert Etcheverry. Théâtre Denise-Pelletier

Relatant son premier contact avec le projet, il raconte: "Au départ, je ne voulais pas faire cette pièce, je ne voulais même pas en faire la lecture. C’est très franchouillard et, comme je viens de l’Outaouais, c’était comme à mille lieues pour moi. Dire le mot salopard, j’ai beau le faire depuis 10 ans comme comédien, ça ne rentre pas. Sauf que grâce à ce texte-là, je pourrais jouer n’importe quoi maintenant."

Dans une scénographie signée Enki Bilal, les deux antagonistes évoluent sur scène à l’intérieur d’une cage de verre qui agit en quelque sorte comme une loupe. "C’est un huis clos, la cage permet aux spectateurs d’être voyeurs. Le filtre fait que tu n’es pas devant les acteurs, tu es devant une fenêtre et tu espionnes. Les gens sont comme dans une téléréalité, ils assistent à la mort en public, comme au cirque à Rome. [C’est comme le dernier tabou] et le spectacle le plus incroyable à voir", remarque le comédien, qui n’a pas de contrat en théâtre pour la prochaine année, mais qui évoluera au petit écran, notamment dans la nouvelle télésérie de Réjean Tremblay, Casino. "La télé permet d’acheter des espadrilles au lieu de sandales", blague-t-il.

En attendant, il rechaussera les sabots du bourreau pour venir le présenter dans sa région natale avant d’aller visiter les cousins français. "Il faut s’attendre à une bonne dose de violence", conclut-il, comme pour préparer au grand choc.

Du 15 au 18 février
À la Nouvelle Scène
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