Lorraine Côté : Partir, revenir
Scène

Lorraine Côté : Partir, revenir

Lorraine Côté et l’équipe du Théâtre Niveau Parking nous racontent une histoire de famille dans leur plus récente création collective: Les mots fantômes.

Hubert, parti en quête de lui-même, a une vision dans le désert du Nevada: il doit rentrer chez lui, après deux ans d’absence, pour parler à son père. À son arrivée, tout a changé: père disparu, mère remariée. Que doit-il faire? Et comment interpréter le message qu’il reçoit de son père?

Tel est le point de départ de la création Les mots fantômes, écrite et mise en scène par Michel Nadeau, à partir d’improvisations de toute l’équipe de comédiens. Leur source d’inspiration: Hamlet. "On a toujours une boîte pleine de projets, explique Lorraine Côté. Dans cette réserve, une idée de Michel: travailler autour d’un Shakespeare. On a choisi Hamlet: on l’a relue, on a retenu des situations, des thèmes. Entre autres, la place de la nouvelle génération: comment le fils peut-il prendre sa place? Est-ce qu’il doit suivre les traces de son père ou au contraire, faire complètement autre chose, rejeter le passé? On se disait qu’à notre époque, les jeunes ont moins d’espace pour créer, pour bâtir qu’avant. Ce qu’on leur laisse, ce sont des structures à gérer, mais pas nécessairement à réinventer. On voulait creuser, se questionner là-dessus."

"À partir de cette idée, on a écrit une histoire. C’était difficile au début parce que c’est une planète immense, Hamlet. Quand t’essaies de décoller de ça, tu rentres toujours dans son orbite, et des fois, tu restes un peu pris. Après le travail d’improvisation, d’écriture, ça donne une pièce singulière: c’est vraiment l’univers de la tragédie de Shakespeare, mais ça se passe aujourd’hui, probablement quelque part en Beauce, dans une grosse entreprise familiale. Le père a établi son royaume; puis, il disparaît…"

Thèmes, situations, enjeux: plusieurs éléments sont en lien étroit avec la pièce de Shakespeare; il en va de même des personnages, et de la grandeur tragique du conflit. "Il y a un côté trouble chez ces personnages: ils ne savent pas ce qu’ils veulent. À part Gabriel, un ami d’Hubert, ils sont comme des chrysalides, comme des êtres qui n’ont pas fini de se transformer. Ils sont mus par la jalousie, la colère, le sentiment d’injustice, l’envie, l’amour aveugle. Ils sont comme incomplets, et ils demandent tous à Hubert un petit bout de lui-même, en lui faisant porter, toujours, la responsabilité de leur destin. Et lui, là-dedans, essaie de se démêler, de comprendre ce que son père voulait lui dire, ce qu’il doit faire. On avait un peu peur, en rapprochant ça de nous, d’édulcorer la tragédie, les situations extrêmes qu’il y a dans Hamlet. Pour que ça marche, fallait trouver le niveau de jeu: faut que ce soit assez épuré, et qu’on joue vraiment à fond. C’est très beau ce que ça donne."

Yves Amyot, Sylvio-Manuel Arriola, Marie-Josée Bastien, Lorraine Côté, Hugues Frenette, Mathilde Lavigne, Michel Nadeau, Jack Robitaille complètent la distribution; Michel Gauthier, Christian Michaud, Sonoyo Nishikawa, Jennifer Tremblay signent la conception.

Du 21 février au 18 mars
Au Théâtre Périscope
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