Reste avec moi ce soir : Mon fantôme d'amour
Scène

Reste avec moi ce soir : Mon fantôme d’amour

Reste avec moi ce soir montre les contrastes et les paradoxes des états limites.

La souffrance de la mort n’amène pas que des réactions élégantes, surtout lorsque tout n’est pas réglé entre le disparu et ceux qui restent. Avec Reste avec moi ce soir de Flavio de Souza (né au Brésil en 1955), une pièce mise en scène par Jean-Frédéric Messier, on assiste à une occasion exceptionnelle: celle de pouvoir discuter une dernière fois avec le disparu.

Une veuve (Sylvie Drapeau), le soir des funérailles de son mari (Jean-François Casabonne), fout tout le monde dehors et entre dans la blessure du deuil et dans les plaies ouvertes du passé par le biais d’un ultime dialogue avec l’homme qu’elle a aimé. Afin de rompre avec les zones floues qui la hantent, avec les questionnements, les doutes et les malaises qui l’habitent, cette femme s’abandonne dans une conversation qui l’entraîne dans des avenues qu’elle ne voulait pas fouler.

À travers ses monologues, ses tirades, ses accusations et ses cris, le personnage de Drapeau incarne tous les paradoxes qu’impose la souffrance. Par le texte, et surtout par le jeu, sera cerné ce territoire particulier où sont conjugués l’espoir et la déception, la peur et la confiance, le besoin de pleurer et celui de rire. Cette zone qui n’existe que devant la mort et qui permet tous les excès.

Lorsque, comme ici, le mort parle, eh bien l’accompagnement peut aller loin! Le personnage de Casabonne appuie sur tous les boutons afin de s’assurer que sa femme ira jusqu’au bout de ce qui la possède. Lui aussi, même mort, serait souvent porté à fuir la confrontation et la rupture finale, mais afin de remettre sa femme sur son chemin, il se fait un devoir d’éclaircir le passé.

Si le texte ne contient pas autant de matière qu’espéré, par sa mise en scène intelligente et par la performance des acteurs (assez époustouflante), le sens finit par s’imposer. Une pièce également très drôle, souvent érotique, qui nous fait décidément passer par de multiples états.

Jusqu’au 4 mars
Au Théâtre du Rideau Vert
Voir calendrier Théâtre