Véronique Côté : Le temps de l'innocence
Scène

Véronique Côté : Le temps de l’innocence

Véronique Côté met en scène Une année sans été, une pièce explorant les aléas de la création et les difficultés de la vie.

"Cette première pièce de Catherine Anne (1987) est librement inspirée de la vie de Rainer Maria Rilke et de ses œuvres", nous dit Véronique Côté. Avec cette pièce montée à Québec il y a bientôt trois ans, celle-ci a remporté le Masque "Révélation de l’année".

Également comédienne – elle est présentement en répétition en France pour le Forêts de Wajdi Mouawad -, celle qui est sortie du Conservatoire d’art dramatique de Québec en 2002 poursuit en précisant les liens entre la pièce de la dramaturge française et la vie et l’œuvre de l’écrivain né à Prague en 1875. "On peut reconnaître beaucoup de passages de sa vie, de ses correspondances, et ça fait également beaucoup penser à Lettres à un jeune poète et aux Cahiers de Malte Laurids Brigge. Mais au moment où arrivent des paroles textuelles de Rilke, c’est habituellement davantage par la bouche des autres personnages que par celle du jeune poète. C’est savamment mélangé et il est assez difficile de déceler l’origine des passages. La présence de Rilke est davantage liée à l’esprit. Évidemment, il a vécu à Paris, il a été secrétaire de Rodin et la pièce se réfère à cette période, mais on a peu travaillé sur le côté historique et documentaire de l’affaire."

Sauf quelques détails, les changements apportés à la production qui fut également mise en nomination pour le Masque "Production Québec" ne sont que dans la distribution. Le spectacle, assez court, possède une grande simplicité dans le ton et dans la facture. "Les personnages commencent leur vie adulte et se retrouvent face à la question: comment on fait pour vivre? Il y aura un appel du voyage, pour différentes raisons… Ici, l’errance n’est pas tant physique que sur le plan des questionnements."

Les créateurs se sont inspirés de l’écorchure propre à Rilke, "mais on a travaillé des personnages, pas des êtres qui ont existé". Rien d’exact ou de précis du côté didactique, donc. "C’est beaucoup sur la difficulté de créer et sur la difficulté des premières amours. Mais tout est en filigrane. Sur trois saisons, on y évoque des rencontres charnières; des préoccupations qui ne sont pas exclusives à la jeunesse, mais qui sont décuplées par elle."

L’action se situe en 1913, juste avant que le monde ne connaisse la Grande Guerre: "Ce qui s’en vient est évoqué de manière très fine, et l’innocence des personnages amplifie, par contraste, ce que la guerre vient faucher. Ils sont tout entiers dans ce moment de leur vie où il leur faut prouver comment écrire, aimer, vivre, voyager, et comment partir, qui est l’une des grandes questions pour eux. Ils sont dans le miracle de leur rencontre, dans l’impossibilité de s’aimer. À travers ça, on voit le croisement des grandes ruptures vécues dans nos vies personnelles et les grandes ruptures historiques, qui concordent parfois de manière étonnante."

Du 21 février au 11 mars
À la Salle Fred-Barry
Voir calendrier Théâtre