Le Théâtre du faux coffre : Un joyeux pessimisme
Scène

Le Théâtre du faux coffre : Un joyeux pessimisme

Le Théâtre du faux coffre présente La Farce de Maître Pierre Pathelin, mise en scène et interprétée par les clowns noirs… À condition que la brigade anti-culture n’y mette pas un frein.

Pas d’ornements ni de fioritures, qu’un coffre sans fond et les quelques sobres accessoires qu’il peut contenir. Surtout, une clique de clowns, sombres mais attachants. "Quatre pauvres types assez clowns pour faire du théâtre en région!" selon Patrice Leblanc, comédien qui partage la vedette avec Martin Giguère, comédien et auteur, Éric Laprise, "un naturel", et Pierre Tremblay, comédien et coffretier en chef.

Le point de départ: jouer des clowns qui jouent au théâtre, imposer leur lorgnette à la fois absurde et engagée au texte d’une farce plusieurs fois centenaire. Il semble que la recette soit gagnante… Lorsqu’ils débarquent dans la rue pour faire leurs drôleries juste sous notre nez, avec leurs costumes et tout leur attirail, plus question de broyer du noir; leurs pitreries jamais vaines nous imposent d’abonder dans le sens de leur joyeux pessimisme. Avec leur travail, on assiste au travestissement des clowns traditionnels, alors qu’ils sont affublés de sombres accoutrements et qu’on leur a inculqué un discours, une pensée, une manière de voir le monde. Pour parler d’une culture qui meurt, il fallait les atours du deuil et un fard cendré.

Ainsi, de stupides pantins à la facétie facile qu’ils auraient pu être, ils ont plutôt choisi de s’engager dans une lutte à finir contre ceux qui tuent l’art et la culture. Selon Leblanc, peut-être le plus noir du groupe, le juste dosage est toujours de mise: "Il ne faut jamais que l’humour brime le message, mais non plus que le message prenne trop de place, que l’on devienne moralisateurs." Par contre, pas question de faire de compromis. "Chaque fois qu’on fait une sortie, les gens nous prennent avec notre message."

PRÉSENCE REMARQUÉE

Si leur présence au Festival Regard sur le court métrage au Saguenay a soulevé quelque controverse – quelqu’un a sourcillé devant un accessoire un peu encombrant, plus précisément un bâton de baseball qui sert de canne à l’un des personnages -, elle aura tout de même été couronnée de succès. Non seulement ils ont réussi à assurer la sécurité du Festival contre la brigade anti-culture qui menaçait le déroulement des festivités, mais leur apparition imposée dans le film improvisé de Simon-Olivier Fecteau, réalisateur invité, a certainement contribué à son remarquable succès… "C’est moi qui l’ai appelé, révèle Leblanc. J’étais découragé parce qu’il était découragé à l’autre bout. Avant de savoir toutes les contraintes, il avait imaginé un concept… Éric Bachand [organisateur du Festival Regard] était content que son concept tombe à l’eau parce que ça n’aurait pas été improvisé." Et le résultat a fait fureur: si le film en soi est rigolo, il devient tout à fait hilarant lorsque sont connues les différentes contraintes de départ…

D’autres participations à des événements sont à envisager pour les clowns noirs. En effet, les organisateurs de l’Expo-Sciences pancanadienne, qui aura lieu au mois de mai à Saguenay, ont sollicité le Théâtre du faux coffre. "On va faire de l’animation pour eux. Ils nous ont demandé s’il pouvait y avoir des clowns qui parleraient anglais. Peut-être aussi qu’on monterait un petit kiosque d’expériences "scientifiques"…" Il y a aussi le Festival Juste pour rire qui s’est intéressé à leur travail hors du commun. Sans se faire trop d’illusions, les clowns se prennent parfois à rêver…

D’ici là, les membres du Théâtre du faux coffre ont du pain sur la planche. En plus des trois représentations qu’ils donnent au Côté-Cour cette semaine, ils joueront à la Salle Murdock au mois de mars, où il est possible que nous rencontrions le dernier-né de la troupe, Pascal Rioux. Enfin, fidèles à eux-mêmes, ils promettent quelques éclaboussures cet été: déluge de rires garanti avec un tout nouveau spectacle auquel il nous tarde d’assister.

Du 23 au 25 février
Au Café-Théâtre Côté-Cour
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