Wit : Cours magistral
Scène

Wit : Cours magistral

Wit, une pièce de Margaret Edson dont la metteure en scène Denise Guilbault et la comédienne Louise Turcot révèlent les forces vives.

Wit est la première et unique pièce de Margaret Edson, une États-Unienne aujourd’hui âgée d’une quarantaine d’années. Depuis sa création, il y a 11 ans, le texte, couronné du prix Pulitzer en 1999, remporte un éclatant succès partout où il est monté. Mettant en valeur l’immense talent de Louise Turcot, cette fabuleuse partition tient actuellement l’affiche du Quat’Sous dans une mise en scène exemplaire de Denise Guilbault.

L’œuvre est émouvante sans être mélodramatique, construite sans être conceptuelle, si maîtrisée qu’elle avait toutes les chances de nous conduire à une représentation aussi mémorable. Sur un plateau exigu, chaque soir, un miracle se produit: un texte déchirant est joué par une comédienne d’exception, en pleine possession de ses moyens, dirigée avec toute la sobriété et la sensibilité que l’entreprise impose. Professeure de littérature anglaise du 17e siècle, Vivian Bearing a consacré la majeure partie de sa vie à étudier les sonnets métaphysiques de John Donne. Aujourd’hui, elle n’a que sa vivacité d’esprit, son "wit", pour lutter contre le cancer des ovaires qui la dévore impitoyablement. N’ayons pas peur de l’écrire, Louise Turcot est ici époustouflante de présence et de précision.

Consciente de se trouver sur une scène de théâtre, soumise aux insondables desseins d’un "metteur en scène" invisible et tout-puissant, Vivian ne se gêne surtout pas pour commenter son parcours: "Au risque de vous vendre la mèche, dit-elle plus ou moins en ces mots, je crois que je meurs à la fin." À la fulgurance de sa maladie, Vivian oppose celle de son intelligence. Au fil de ses huit mois d’agonie, la comédienne tisse avec le spectateur une rare complicité, un dialogue truffé d’une ironie aussi savoureuse qu’implacable.

L’espace est parfaitement clinique, les personnages secondaires sont interprétés avec vérité, la musique prend à la gorge et la traduction est sans faux pas. On ne remerciera jamais assez ceux et celles qui ont fait en sorte que la pièce de Margaret Edson soit enfin traduite et montée chez nous. En sortant de la salle, bouleversé par tant de maestria, on se dit que ça valait bien la peine d’attendre toutes ces années.

Jusqu’au 18 mars

Au Théâtre de Quat’Sous
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