C'est ma vie : Virage ambulatoire
Scène

C’est ma vie : Virage ambulatoire

C’est ma vie, une pièce de Brian Clark dont Daniel Roussel fait un spectacle maladroit et sans âme.

Abordant le thème pourtant riche de l’euthanasie, ou plus précisément du droit à la mort, la pièce de Brian Clark, qui prend l’affiche du Théâtre Jean-Duceppe 28 ans après sa création londonienne, offre bien peu d’intérêt. Est-ce parce que le texte a mal vieilli ou parce qu’il ne fait jamais qu’effleurer son sujet? Quoi qu’il en soit, le spectacle mis en scène par Daniel Roussel, à partir de l’adaptation-traduction de François Tassé, parvient presque à nous indifférer.

Les acteurs ne sont pas en cause. François Papineau assure avec beaucoup de justesse le rôle principal de Carl Gauthier. Il en va de même pour le reste de la distribution. Exprimant toute la candeur de son personnage, une apprentie infirmière, Jennie-Anne Walker se distingue. Malheureusement, outre Papineau, aucun des comédiens n’a grand-chose à se mettre sous la dent. Malgré leur talent, Markita Boies, Michel Dumont et les autres ont peine à donner chair à de tels stéréotypes: l’infirmière, le médecin, l’avocat, le juge, la greffière. Le texte est à ce point convenu que les interprètes sont bien incapables d’affranchir leurs rôles de l’archétype. Dans cette chronique d’une mort annoncée, les situations sont éculées, les dialogues, presque télévisuels et l’humour, très appuyé.

Multipliant les manipulations et les déplacements inutiles, la mise en scène manque cruellement de rythme. Résultat: la représentation dure près de trois heures. Le décor, si immense qu’il est tout simplement impossible de croire à l’enfermement du personnage, ne cesse de pivoter. Ces mouvements, nous entraînant de la chambre de Carl au bureau du Dr Biron, sont d’une totale inutilité. Sur les murs sont projetés de gros plans du visage angoissé de Carl et des séquences quasi risibles de son passé de sculpteur. Généralement mélodramatique, la musique atteint à la toute fin un sommet de mauvais goût: pour marquer le tempo, la dernière composition emploie le bruit d’un respirateur artificiel. Le plus triste, c’est qu’on ne parvient jamais à communier au drame pourtant terrible du personnage principal. Le spectacle ne réussit pas à nous happer, ni par le coeur, que la mise en scène oblitère, ni par les idées, qui y sont brassées avec bien peu de vigueur.

Jusqu’au 1er avril
Au Théâtre Jean-Duceppe
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