La compagnie S.H.O.P. : Femmes de rêve
Scène

La compagnie S.H.O.P. : Femmes de rêve

La compagnie S.H.O.P. monte Anaïs Nin: Elles, un spectacle intimiste poético-érotique ponctué de chansons. Rencontre avec Stéphanie Julien qui écrit, joue et produit.

"Je suis tombée amoureuse d’Anaïs Nin à travers ses journaux", nous dit Stéphanie Julien, auteure, comédienne et productrice du spectacle Anaïs Nin: Elles. "Cette écrivaine arrive dans la vie des gens à n’importe quel âge. Pour une jeune femme ou une plus âgée, elle apporte toujours quelque chose. Moi, c’est d’abord la description qu’elle faisait de la femme moderne au début des années 30 qui m’a surprise et séduite. En fait, elle décrivait la femme d’aujourd’hui, et ce, avant même la Deuxième Guerre mondiale!"

Anaïs Nin (Neuilly-sur-Seine, 1903 – Los Angeles, 1977) est incontestablement une figure marquante de la littérature française et américaine. Écrivant d’abord en français et ensuite en anglais, Nin a non seulement su se démarquer du romancier Henry Miller, avec qui elle entretenait des rapports intimes et professionnels (une partie de son entreprise littéraire est d’ailleurs symétrique à la sienne), elle a mis de l’avant la condition féminine et l’aveu, se concentrant ainsi sur une approche psychanalytique de l’écriture. Pas étonnant que la jeune artiste amène Nin chez le psychanalyste et sur le terrain de l’auto-évaluation. "Après avoir fait des recherches littéraires et biographiques exhaustives, j’ai tout tassé pour m’intéresser particulièrement à la période qui correspond à son journal de 1931 à 1934. Partant de là, j’ai écrit un monologue caressé de chansons (elle a une formation en théâtre musical) et j’ai misé sur ce moment de sa vie et sur les gens qui interféraient alors."

Comme André Gide l’avait fait auparavant, comme des dizaines d’adeptes de l’autofiction le font aujourd’hui, Nin incarnait à la fois le mythe de l’artiste et celui, incontournable, de l’érotomane. Seule en scène, Stéphanie Julien souligne ainsi l’aspect solitaire du travail et des conditions de construction du monde de Nin: "Mais grâce aux conventions théâtrales et aux jeux d’éclairage, il y a tout de même des dialogues. Il faut dire qu’au début de l’écriture, je croyais faire ce texte avec plusieurs comédiens, mais en cours de route, j’ai trouvé que ce serait parfait si Anaïs se retrouvait seule dans sa pureté." Pourquoi Elles au pluriel? "Anaïs est toutes ces femmes: la femme charnelle, fragile, forte, introvertie, extravertie, pulsionnelle, rêveuse, intellectuelle. Tout ça dans une femme."

Dans cette ligne de pensée, le spectacle devrait rejoindre tout le monde, ceux qui feront la connaissance de Nin et ceux qui la redécouvriront. "En écrivant, je n’étais que l’auteure et ne pensais pas à la comédienne. En répétition, j’ai vu que je devais faire le chemin contraire de l’auteure qui, elle, part du plexus pour aller vers le cerveau. En faisant ce travail, je me suis rendu compte que j’étais en train de lui rendre hommage. J’ai l’impression qu’Anaïs Nin aurait aimé faire de la scène. Elle a écrit, dansé, et elle s’amusait avec ses vêtements comme s’ils étaient des costumes. Elle imaginait ses environnements comme des décors; c’était une femme théâtrale. Je l’amène donc sur scène."

Du 7 au 25 mars
À la Salle intime du Théâtre Prospero
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