Les mots fantômes : Zones d'ombre
Scène

Les mots fantômes : Zones d’ombre

De la pièce Les mots fantômes, dernière création du Théâtre Niveau Parking, émane une aura un peu glauque et pourtant, très  zen.

Pour créer Les mots fantômes, le Niveau Parking a puisé son inspiration dans Hamlet: défi substantiel. En résulte une pièce où on découvre avec plaisir la filiation, dans les situations, les personnages, quelquefois le texte, avec Shakespeare, mais où subsistent quelques questions.

Hubert, parti à l’étranger à la découverte de lui-même, revient à la maison après deux ans d’absence et de silence. Tout a changé: son père est disparu, sa mère se remarie avec son oncle qui dirige, dorénavant, la compagnie familiale. Quelle place, dans tout cela, Hubert doit-il prendre? La pièce le montre en proie aux interrogations, à l’incertitude, que viennent aviver l’amour entêté de Rosalie, qui l’a attendu, l’instabilité de sa mère et surtout, un message que son père semble vouloir lui transmettre par-delà la mort.

Les mots fantômes apparaît comme un écho contemporain à la tragédie Hamlet. Malgré certaines scènes qui gagneraient à être clarifiées, vers la fin de la pièce, plusieurs éléments, très réussis, présentent un intérêt renouvelé et étonnant. Quelques passages, cependant, semblent un peu moins crédibles: tout ce qui concerne la direction de la compagnie, et l’inquiétude extrême de Claude, oncle d’Hubert, qui croit que son neveu désire y prendre sa place. Qu’on se dispute âprement, et jusqu’au meurtre, un royaume, comme c’est le cas dans Hamlet, soit; mais il est difficile de croire, ici, à l’importance de cet empire, l’entreprise familiale, à l’ambition un peu paranoïaque de Claude et à la gravité de toute la question.

Le spectacle comporte de très beaux passages dans l’interprétation, en général solide et parfois touchante, et la mise en scène (Michel Nadeau). Actions simultanées, enchaînement de scènes fondues l’une à l’autre créent un aspect un peu onirique. Y contribuent également les éclairages (Sonoyo Nishikawa), très découpés et mystérieux, et le décor (Michel Gauthier), fait de carreaux mobiles et de portes, lieux de secrets, à l’image de la difficile recherche d’Hubert.

Quête de soi, liberté et responsabilité, amour et dépendance, mort et sérénité: autant de thèmes abordés dans ce spectacle. Cependant, plus collée à Shakespeare que ne le permet peut-être la période contemporaine dans laquelle la pièce se situe, cette création au terreau riche hésite un peu, semble-t-il, à prendre son envol.

Jusqu’au 18 mars
Au Théâtre Périscope
Voir calendrier Théâtre