Encore une fois, si vous permettez : En rappel
Avec Encore une fois, si vous permettez, Michel Tremblay demande une permission qu’on ne peut tout simplement pas lui refuser.
Seulement quatre ans après sa création par André Brassard, Encore une fois, si vous permettez reprend vie grâce au Théâtre les gens d’en bas. Depuis avril 2002, la relecture de Louise Laprade a été présentée quelque 130 fois à travers le Québec et le Canada francophone. Ces jours-ci, pour notre plus grand bonheur, le spectacle récipiendaire du Masque de la production "Régions" se pose enfin à Montréal. Michel Tremblay, écrivain célébré de par le monde depuis près de 40 ans, demande la permission d’aborder à nouveau l’inépuisable sujet de sa mère. Comment ne pas accepter?
Outre un entracte dont la pertinence apparaît difficilement et l’interprétation plutôt inégale de Daniel Simard dans le rôle du narrateur, cette relecture comble. D’abord, il y a le plaisir de retrouver une partition irrésistiblement drôle et touchante, des échanges criants de vérité entre une mère haute en couleur et son fils, écrivain en cours d’éclosion. "J’vas m’en servir, un jour", prévient-il. Le génie de la pièce réside en ce qu’elle fait communier aux subtilités aigres-douces d’une relation mère-fils, sans jamais les nommer explicitement, se contentant d’en tracer magistralement les contours. Ensuite, il y a le plaisir de voir la fougueuse Louison Danis défendre une créature fictionnelle qui, comme elle, est une véritable force de la nature. Imprimant au personnage créé par Rita Lafontaine des tonalités qui lui sont propres, la comédienne nous entraîne délicatement de l’exubérance à la retenue, de la certitude au doute, de la naissance à la mort. Louison Danis espère incarner ce personnage le plus grand nombre de fois possible. Eh bien, on le lui souhaite autant qu’à nous.
Finalement, il y a le plaisir de goûter à la vision toute sobre de Louise Laprade, une mise en scène qui traduit simplement les différents stades qu’empruntent les discussions tendres ou orageuses des deux protagonistes. Grâce au décor de Richard Lacroix et aux éclairages d’André Rioux, la finale, si elle est moins éclatante que celle imaginée par Brassard en 1998, n’en est pas moins efficace. Longtemps après la représentation, sa poésie subsiste.
Jusqu’au 25 mars
Au Théâtre d’Aujourd’hui
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