Marc Doré : L’attaque des clowns
Connaissant le penchant de Marc Doré pour le jeu clownesque, trois de ses anciens étudiants du Conservatoire l’ont invité à monter un spectacle. Improvisation mixte.
Alors qu’ils avaient envie de travailler le jeu clownesque, Serge Bonin, Catherine Dorion et Nicola-Frank Vachon ont eu l’idée de faire appel à Marc Doré, leur ancien professeur en la matière, pour diriger un projet y étant consacré. "C’est le jeu, c’est-à-dire que c’est l’acteur roi, lance le metteur en scène à propos de ce qui l’attire dans ce type de théâtre. Comme on part d’improvisations, le jeu nous guide. On dit qu’il est plus intelligent que l’acteur. Donc, il s’agit de le laisser aller." Pour ce faire, il suffit de mettre les comédiens en présence. "Par le fait qu’il y a quelqu’un dans un espace et qu’un autre arrive, il y a tout de suite une situation, explique-t-il. On ne s’est jamais dit: "On aimerait parler de tel ou tel sujet." Moi, mon attitude, c’est: "Si vous avez des choses importantes à dire, elles vont sortir, il ne faut surtout pas le décider." Alors, c’est de mettre l’inconscient en marche. Comme a dit quelqu’un: "Les pièces, on devrait les répéter d’abord et les écrire ensuite." Eh bien, c’est ce qu’on a fait!" s’exclame-t-il avant de poursuivre: "Et comme j’avais affaire à trois comédiens-auteurs, ça ajoute une certaine qualité, c’est-à-dire qu’après les improvisations, on peaufinait les scènes en les écrivant. Moi, ma job, c’était de les garder à l’intérieur de la proposition, de la pousser plus loin et d’avoir un oeil sur l’écriture pour enlever les scories."
Ainsi naissait Quand le sage pointe la lune, le fou regarde le doigt, spectacle dont l’appellation, datant de l’époque des demandes de subventions, n’a pas vraiment de rapport avec le contenu. "Dans la nouvelle affiche, c’est barré, et en dessous, il y a quelqu’un qui a rajouté: "Il a bien le droit", pour montrer qu’on s’en fout pas mal de ce titre-là", commente-t-il. En fait, il ne leur serait probablement pas beaucoup plus aisé d’en trouver un aujourd’hui, la production demeurant pour le moins difficile à décrire. "C’est assez disjoncté, résume-t-il. Ce n’est pas une pièce… Enfin, c’est peut-être une pièce, mais ce n’est pas construit comme une pièce. On déstructure un peu la façon habituelle de faire du théâtre. Mais c’est un spectacle de théâtre puisqu’il y a des acteurs, du mouvement, un peu de danse et de l’humour, aussi. C’est à la fois léger et grave. Par contre, il n’y a pas d’histoire et pas vraiment de personnages, mais les thèmes, c’est la difficulté d’être là et l’accumulation de gadgets. N’empêche, ce dont on parle, on l’a camouflé. Parce qu’autrement, les évidences, les clichés, tout le monde s’y retrouve un peu facilement. Ici, il y a un petit effort à faire de la part du spectateur. Il est convié à utiliser sa créativité. Aussi, comme il n’y a pas de personnages, on joue avec le temps, on casse le temps." Enfin, ce spectacle court, qu’il a voulu rythmé et axé sur le mouvement, se déroule autour d’un amas d’objets, structure dans laquelle les comédiens vont piger ce dont ils ont besoin. "C’est comme les déchets de la société, c’est un peu trash", ajoute-t-il. Expression qui, entre l’éclectique et le décapant, semble également bien s’appliquer à ces clowns. À ne pas confondre avec ceux du cirque.
Du 21 mars au 8 avril
À Premier Acte
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