Catherine Tardif : La Vie, la vie…
Scène

Catherine Tardif : La Vie, la vie…

Catherine Tardif nous présente sa très attendue nouvelle chorégraphie. Retour sur un Show Triste qui sourit à la vie.

Il y a des moments où je ne peux être impartial. Comme lorsque je me retrouve devant des interprètes d’expérience aussi épatants que Marc Boivin, AnneBruce Falconer, Sophie Corriveau, Peter James et Guy Trifiro, qui font tous partie de la distribution de la pièce de Catherine Tardif. Avant même que le spectacle ne soit commencé, je suis déjà en état favorable de réception, car je garde en mémoire le souvenir des plaisirs kinesthésiques et sémantiques qu’ils ont jusqu’ici fait résonner en moi.

Leur présence n’est donc pas sans rapport avec le succès d’une telle oeuvre, dont le processus de création fut entièrement supporté pas le pouvoir d’improvisation de ceux-ci. Le Show Triste est construit selon une succession rapide de petites bulles inventives qui, juxtaposées les unes aux autres, ne semblent pas avoir nécessairement de liens entre elles, sinon d’être chacune une fenêtre sur la vie – comme le sont d’ailleurs les dessins du bédéiste Gary Larson, desquels la chorégraphe a puisé une partie de son inspiration.

Il semble donc approprié, comme spectateur, de s’octroyer une grande part de responsabilité dans le processus de réception de cette création. Car mis à part le début et la fin de la pièce, il n’y a pas de linéarité apparente. L’ingéniosité d’une telle mise en scène du mouvement semble alors être contenue dans sa faculté à nous rapprocher du Vivant. Un Vivant qui, on le sait maintenant davantage, n’est pas simple, mais plutôt un tissu de ramifications rhizomiques complexes prenant un sens différent selon le point de vue que l’on adopte à un moment et dans un lieu bien précis.

Dans cette optique, notre vie serait un lot d’impressions reliées à des flashes visuels, sonores… qui n’entretiennent pas de linéarité entre eux, que l’on appelle souvenirs et qui ont une valeur hautement cognitive. C’est, je crois, ce que Le Show Triste traduit à merveille. Par exemple, on peut saisir, grâce à la toute dernière image du spectacle, que la tristesse est souvent la nostalgie d’un instant joyeux.

Cette gamme d’émotions nous est aussi permise, il ne faut pas l’oublier, grâce à un travail sonore remarquable, effectué par le compositeur Michel F. Côté, qui réussit à intégrer la musique comme un sixième personnage.