Lola McLaughlin : Alchimie de l’ordinaire
Avec Fuse, Lola McLaughlin croque dans le quotidien afin de nous mettre face à l’immensité de la nature humaine.
Les chorégraphes vancouvérois sont à l’honneur cette année. Après les visites de Crystal Pite et de la compagnie Holy Body Tattoo, place à l’inventive Lola McLaughlin, de retour à Montréal avec sa pièce Fuse. Peut-être êtes-vous des heureux élus qui ont pu découvrir cette création à ses débuts, dans le cadre du Festival international de nouvelle danse de 2001?
Exploratrice de la fragilité humaine, cette oeuvre pour cinq danseurs est composée d’une cinquantaine d’enchaînements chorégraphiques représentant des gestes tirés de la vie quotidienne. Ainsi, on peut voir se succéder sur scène les mouvements de machines à laver, barmans, pingouins gloutons, yo-yo, sel et poivre… Amusant!
"Cette idée m’est venue alors que nous étions en cours de création. Nous avions conçu une panoplie d’enchaînements mais j’avais envie de développer un nouveau vocabulaire", explique Lola McLaughlin, qui a une quarantaine de chorégraphies à son actif. "Nous avons donc commencé à travailler une série de nouveaux petits mouvements que nous avons fait évoluer jusqu’à ce qu’ils débouchent sur divers éléments de notre vie de tous les jours, d’où Fuse."
Processus intéressant… Mais la réflexion qui s’y cache l’est encore davantage, puisque cette astucieuse série de tableaux ne se veut pas qu’un clin d’oeil à la banalité du train-train quotidien, mais bien un affrontement du chaos par l’homme. "La nature est tellement grande, tellement forte! On prétend la contrôler, mais c’est impossible. Ainsi, nous nous accrochons à certains outils, comme les nouvelles technologies, afin de saisir des parcelles de toute cette immensité. Par exemple, lorsque nous sommes face à un paysage grandiose, nous en prenons une photo afin de nous l’approprier. À la merci du progrès, la nature humaine s’en trouve menacée et c’est ce que j’ai voulu illustrer avec Fuse."
Ceci, la créatrice de Four Solos / Four Cities (1999) et Volio (2002) l’exprime à travers l’intégration des arts visuels. Les paysages projetés, en contraste avec la cadence des danseurs, apportent une dimension spirituelle. Élaborée selon les principes de l’art total que privilégie la directrice de Lola Dance, cette approche multidisciplinaire réunit également musiciens et scénographes au coeur du processus créatif, et ce, afin de créer des échanges, de donner un ton particulier aux oeuvres.
Fuse découle donc de la symbiose des interprètes Susan Elliot, Caroline Farquhar, Jay Gower Taylor, Day Helesic et Ron Stewart, ainsi que de la complicité développée avec John Korsrud (musique), James Proudfoot (lumières) et Reva Quam (costumes). Mis à part un danseur, l’équipe est la même depuis la création. Toutefois, plusieurs ajustements ont été apportés à la pièce en soi. "C’est une expérience fantastique que de revenir à Montréal pour présenter cette pièce. Elle a évolué et s’est améliorée. J’espère qu’elle saura plaire!"
Jusqu’au 25 mars
À l’Agora de la danse
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