Martin Faucher : Drôles de vampires
Martin Faucher, pour Le Mystère d’Irma Vep, a créé son plus grand blind date professionnel. Il a mis Serge Postigo et Éric Bernier sur la même scène, et ça a fonctionné!
Depuis sa création, Le Mystère d’Irma Vep a été présenté plus d’une centaine de fois. Son metteur en scène, Martin Faucher, ravi, admet qu’il ne s’attendait pas à un tel succès. Car cette traduction d’un texte extravagant de Charles Ludlam, dont l’action se déroule dans un inquiétant manoir en 1840, semblait avoir tous les atouts pour séduire un public assez pointu.
"Le Mystère d’Irma Vep, quand ça a été créé à New York, dans un théâtre de 100 places du Greenwich Village, c’était vraiment une pièce underground. Ça a quand même eu un certain succès, mais c’était beaucoup basé sur un pastiche de la culture anglo-saxonne. Alors quand on a répété le spectacle à Montréal, et qu’on a essayé de trouver des équivalences dans les blagues culturelles, on se demandait qui ça allait faire rire. Est-ce que c’était pour l’underground ou pour tout le monde? Assez rapidement, on a vu que les concepteurs et les éclairagistes qui venaient assister aux répétitions riaient. Mais on se disait: "Est-ce que ça va dépasser ça?"" se souvient Martin Faucher.
La période de doute s’est conclue par un large sourire. La production, qui repose sur le tandem Éric Bernier et Serge Postigo, avait finalement les qualités nécessaires pour attirer la masse. "La pièce est très, très bien construite, poursuit l’homme de théâtre. Il y a déjà dans cette espèce de manoir hanté par des vampires, interprétés par deux comédiens qui se déguisent, quelque chose d’éminemment théâtral. C’est sûr que de voir Serge Postigo interpréter un valet un peu bossu, puis de le voir passer à une actrice névrosée et sotte, avec une perruque blonde comme ça ne se peut plus, c’est amusant pour le grand public. Mais on pourrait se tanner après 15 minutes. Je pense aussi que la forme est vraiment déconcertante. Il y a des pastiches de films américains, de séries B, de Shakespeare, de romans du XIXe siècle, des histoires de momie du XXe siècle et en même temps, du gros canal 10! Et c’est le mélange de tout ça qui explique cette réussite."
Le principal défi, pour Faucher, s’est révélé de marcher en équilibre sur la ligne imaginaire qui sépare le sérieux de la trame narrative et le mauvais goût. Le reste, bien que ça ait demandé une somme importante de travail, s’est fait avec simplicité. "C’est comme quand je montais des sketches autour du feu chez les scouts. C’était aussi simple que ça, parce que Serge et Éric avaient une immense confiance dans le travail, un grand abandon et une grande générosité."
Le 23 mars à 20 h
À la Salle J.-A.-Thompson
Le 24 mars à 20 h
À la Salle Philippe-Filion
Voir calendrier Théâtre