Stéphanie Julien : Sur le divan
Scène

Stéphanie Julien : Sur le divan

Avec Anaïs Nin: Elles, Stéphanie Julien dresse le portrait sommaire d’une écrivaine aussi novatrice que tourmentée.

Stéphanie Julien, auteure et interprète d’Anaïs Nin: Elles, est à n’en point douter éperdument éprise de son sujet. Malheureusement, dans ce qu’elle décrit elle-même comme un monologue théâtral caressé de musique et de chansons, la jeune diplômée de l’École supérieure de théâtre musical et cofondatrice de la S.H.O.P. (Société Hétérogène Organique Pluridisciplinaire) offre une vision bien édulcorée de l’écrivaine américaine qui la passionne.

Restituant de larges extraits du fameux journal intime de Nin, la représentation cherche à lancer le spectateur sur les traces d’une femme dévorée par ses passions. Étendue sur le divan de son psychanalyste, celle-ci dévoile, suivant un procédé ténu et, on en conviendra, pas des plus récents, les pans les plus marquants de son existence: l’abandon du père et les fantasmes irrésolus qui s’y rattachent; la tentation perpétuelle de l’infidélité et les remords qui y sont liés; les rapports sexuels avec de nombreux partenaires, parfois des deux sexes; la grossesse non désirée, la tentative d’avortement et l’accouchement d’un enfant mort-né, point culminant de cette esquisse biographique. Vous aurez compris que la patiente a de quoi rendre extatique le plus blasé des psychanalystes.

Heureusement, les riches et évocatrices projections signées Euterke enrichissent la mise en scène plutôt simpliste d’Amélie Grenier. Ne parvenant pas à exprimer les multiples nuances que son personnage impose, Stéphanie Julien ne semble pas détenir la maturité artistique qu’exige une telle partition. Loin d’être fade, son interprétation manque largement de relief. Par conséquent, les mots ne quittent jamais la page, la littérature ne devient jamais théâtre. Cela dit, la comédienne est dotée d’une belle voix chaude, un peu rauque, un talent ici sous-utilisé (les chansons sont aussi peu nombreuses que naïves). Dommage qu’avec autant de bonne volonté, la créatrice de ces révélations poético-érotiques ne soit pas arrivée à nous transmettre sa passion pour une écrivaine qui a grandement contribué à l’émancipation sociale, intellectuelle et sexuelle de la femme.

Jusqu’au 25 mars
À la Salle intime du Théâtre Prospero
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