Clash : Être cool ou ne pas être
Scène

Clash : Être cool ou ne pas être

Avec Clash, Harold Rhéaume s’est donné pour but de captiver les adolescents aussi bien que les adultes. Un show de danse très physique et haut en contrastes.

"J’ai voulu créer une pièce qui parle d’elle-même, que je n’ai pas besoin d’expliquer", lance Harold Rhéaume à propos de Clash, qui s’adresse à un public de 14 ans et plus. Le chorégraphe déplore en effet que trop de gens soient rebutés à jamais par la danse contemporaine après avoir assisté à un spectacle trop hermétique. En créant Clash, il a donc misé sur le plaisir, celui des interprètes et celui du public. Et il n’a nullement l’impression d’avoir dû faire des compromis artistiques pour autant.

"C’est un spectacle éclaté avec des tableaux très clairs, dit-il. Ici, on est dans l’intensité, là, dans l’humour, là, dans la performance physique… C’est concret, c’est direct, et je pense que les situations dramatiques sont claires. On ne se pose pas vingt-deux mille questions comme: "Là, elle fait quoi avec sa main? Est-ce que c’est supposé représenter quelque chose?"" Selon lui, la pièce est encore plus facile d’accès que F.U.L.L., spectacle créé spécialement pour les adolescents. En fait, par son côté extraverti, Clash serait plutôt dans la lignée d’Écho, oeuvre que Rhéaume nous avait livrée en 2000 lorsqu’il a installé sa compagnie (Le fils d’Adrien danse) à Québec.

Étonnamment, trouver un thème qui touche un public de 14 à 74 ans s’est avéré facile. "La pièce traite de cette espèce de dichotomie entre ce qu’on est et ce qu’on présente aux autres, dit le chorégraphe. Je trouve qu’on est dans une ère de performance. On est beaucoup dans l’allure, et très peu branchés sur ce qu’on est." La pression sociale qui oblige à paraître cool, à montrer qu’on a une vie exaltante ou à performer sexuellement touche effectivement les ados autant que les adultes.

Outre Harold Rhéaume lui-même, les interprètes de Clash sont de jeunes adultes auxquels les deux publics peuvent s’identifier. Les danseuses Arielle Warnke Saint-Pierre et Karine Ledoyen sont toutes deux bien connues du public de Québec. Les gars, Stéphane Deligny et Pierre-Alexandre Lamoureux, viennent de Montréal, puisque le chorégraphe n’a trouvé personne sur place. La situation des danseurs et danseuses de Québec le préoccupe d’ailleurs de plus en plus. "Ils ont beaucoup de pression, explique-t-il. Idéalement, il faut qu’un danseur s’entraîne tous les jours, mais quand il doit travailler dans un dépanneur ou un restaurant, sa classe du matin, il ne la prend pas toujours…"

"Par contre, poursuit-il, ceux qui restent ont une énergie, une volonté… Ça fait des gens qui se prennent en main, qui ne s’assoient pas sur leur steak." À preuve, un groupe de danseurs indépendants a réussi à obtenir un studio, sur la rue du Roi, après avoir squatté théâtres et écoles pendant des années. "Pour la première fois, j’ai l’impression que je travaille avec les outils adéquats", dit Harold Rhéaume, aux anges. Mais ça, c’est une autre histoire, dont nous aurons bientôt l’occasion de reparler…

Les 23, 24 et 25 mars à 20h
À la Salle Multi
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