Annie Gagnon : Art sacré
Annie Gagnon profite d’une résidence de création au coeur même de l’église du Gesù, où elle a été invitée à parfaire sa pièce Lotus en vue d’une seconde phase de diffusion. Dialogue entre l’art et le sacré.
Branchée sur la réalité contemporaine, l’église du Gesù se démarque des églises traditionnelles par son Centre de créativité, qui oeuvre à l’intégration de l’art actuel à même ses lieux sacrés. C’est ainsi qu’a pu voir le jour, à l’automne dernier, l’Espace Aline Letendre. Destinée à la diffusion des arts de la scène, cette zone entourée de la sublimité des fresques et des vitraux peut accueillir jusqu’à 120 spectateurs. Nous avons entre autres pu y découvrir la jeune chorégraphe Annie Gagnon, qui a non seulement eu la chance d’être l’une des premières à s’y produire, mais qui bénéficie actuellement d’une résidence qui l’amène à peaufiner sa pièce Lotus, qui nous sera présentée les 30 et 31 mars.
C’est au début de 2005, après avoir décroché une bourse du Conseil des arts et des lettres, qu’Annie Gagnon a entamé la création de Lotus. Créé avec la participation de l’interprète Clara Furey, ce duo explore la dualité de l’âme et du corps, de l’Orient et de l’Occident, bref, du yin et du yang. "Deux personnages inspirés de la geisha sont au coeur de ma recherche, explique la chorégraphe. J’ai ainsi pu travailler l’image de la féminité ainsi que la complexité des rapports entre femmes en mettant les réalités orientales et occidentales en confrontation. La femme orientale et la femme occidentale vivent dans deux univers différents, mais se retrouvent avec la même dualité face aux limites de leurs traditions. Lotus vise donc à questionner et à faire cohabiter ces différences entre ces deux cultures de la féminité."
Voilà qui rejoint les préoccupations du Gesù: "Annie Gagnon, par sa façon de transposer dans ses mouvements ce qu’elle porte en tant qu’artiste et en tant que femme, correspond tout à fait aux objectifs du Centre de créativité, explique l’adjointe à la direction artistique du Gesù, Jocelyne Bilodeau. Le premier critère de sélection des artistes en résidence est qu’ils soient porteurs de notre mission, qui est de rendre l’art au service de la dignité humaine. En s’inspirant de l’église du Gesù, elle transcende le lieu et apporte une couleur toute nouvelle à la danse. Je crois qu’il est très important d’intégrer l’art actuel aux lieux sacrés puisque ça permet de les faire vivre tous les deux."
Annie Gagnon se considère choyée d’avoir eu accès à ces lieux, sans compter l’ouverture sans borne de la part de l’équipe du Gesù. "J’étais parfois inquiète, sachant que nous nous produisions dans une église, mais jamais je n’ai eu à me censurer. J’ai très rapidement compris que nous avions la même vision, soit d’allier art et spiritualité, et que j’étais libre de créer et de présenter ce que je voulais. La résidence nous a permis de réajuster quelques détails techniques, mais surtout de faire évoluer la pièce, en nous imprégnant et nous nourrissant de l’immensité de l’espace, de toute cette spiritualité qui nous entoure."
Issue de LADMMI, où elle a achevé sa formation il y a à peine quatre ans, Annie Gagnon semble guidée par une bonne étoile. Du moins, elle jouit d’un remarquable début de carrière. Le bon Dieu l’aurait-il prise sous son aile?
Les 30 et 31 mars
À l’Espace Aline Letendre du Gesù
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