Caterina Sagna : Produit décapant
Caterina Sagna nous offre une hilarante satire de la danse contemporaine dans un spectacle iconoclaste et atypique.
L’art contemporain peut-il être porteur de sens sans être hermétique? L’artiste peut-il aborder des sujets importants sans pour autant se prendre au sérieux? L’Italienne Caterina Sagna s’ingénie depuis quelques années à en donner la preuve en juxtaposant danse et théâtre pour créer des pièces accessibles, empreintes d’un humour désopilant capable de rallier le plus réticent des publics. Second volet d’une trilogie sur les diverses manifestations du pouvoir, Relation publique lève le voile sur les coulisses de la création avec une autodérision qui démystifie la danse contemporaine et une formule qui bouscule les conventions du spectacle.
Tout commence par une chorégraphie très dynamique, parfaitement exécutée par des interprètes de talent. Puis soudain, la musique s’arrête, on rallume les plafonniers et la scène est transformée pour que puisse avoir lieu une pseudo-conférence de presse. L’objet de la rencontre est la présentation d’une chorégraphie en cours de création des soeurs Caterina et Carlotta Sagna, inspirée de bas-reliefs érotiques des temples d’Angkor, au Cambodge.
Effectivement soeurs et complices de création dans la vie, les deux femmes jouent leur propre rôle tandis que l’excellente Viviane De Muynck – appréciée au dernier FTA dans La Chambre d’Isabella – incarne une critique de danse imposante et volubile. Élaborant un discours des plus alambiqués sur le rôle de l’art, la complexité de l’oeuvre et les merveilles du monde de la danse, elle caricature à peine l’intellectualisme outrancier et l’élitisme sectaire qui sévissent parfois dans le milieu tout en posant de vraies questions sur la fonction de l’art et de la création.
Parallèlement, au fil de séquences de répétition publique, le vernis de la troupe de danse idéalisée où tout le monde s’aime et se respecte se craquelle. Rapidement, le jeu des relations humaines révèle le narcissisme des uns, la servilité des autres et la mesquinerie des jalousies et des rivalités à l’égard des chorégraphes despotes et impatientes.
Un portrait peu flatteur de l’univers de la danse, mais irrésistiblement drôle et tout à fait libérateur. Une oeuvre où danse et théâtre se côtoient sans se confondre et se pratiquent avec art pour se remettre en cause. Impressionnant.
Jusqu’au 25 mars
À la Cinquième Salle de la Place des Arts
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