La Princesse Turandot : Libre échange
Scène

La Princesse Turandot : Libre échange

La Princesse Turandot, un fabuleux voyage dans l’imaginaire débordant d’Hugo Bélanger.

À la tête du Théâtre Tout à Trac depuis 1998, Hugo Bélanger a d’ores et déjà fait ses preuves, notamment avec L’Oiseau vert de Gozzi, un spectacle qui n’a cessé de tourner depuis sa création en 2004. Non seulement le jeune metteur en scène parvient à renouveler la commedia dell’arte, mais il le fait avec une inventivité qui n’a d’égal que son immense amour pour le genre. Pour La Princesse Turandot, il a planifié les moindres détails d’une extraordinaire rencontre entre le soleil et la lune, un chatoyant métissage entre l’Orient et l’Occident, un parfait amalgame de rire et de tragédie.

Puisant à la pièce de Gozzi aussi bien qu’à l’opéra de Puccini, le spectacle se déroule dans une Chine imaginaire. Pourtant, à la cour de l’Empereur, quelques Italiens occupent des fonctions décisives. Il y a Arlequin, qui a pris le nom d’Abdallah par souci d’anonymat; Pantalon, conseiller et vieil ami de l’Empereur; Truffaldino, le boucher devenu bourreau (c’est qu’il y a toutes ces têtes à trancher depuis que la princesse Turandot a décidé de soumettre ses prétendants à trois indéchiffrables énigmes), et Tartaglia, cet inénarrable bègue qui lui sert de complice. Au risque de trop en révéler, disons que la Chine et l’Italie s’épousent à merveille.

Physiquement aussi bien que vocalement, le jeu des 12 comédiens est d’une rigueur irréprochable. Malgré tout, il faut admettre que quelques-uns impressionnent tout particulièrement: Maude Desrosiers compose une fascinante Turandot; Marie-Ève Milot, un Empereur imposant; Marie-Claude St-Laurent, un truculent Pantalon; Claude Tremblay, un Abdallah on ne peut plus leste; Éloi Cousineau, un extraordinaire Truffaldino et Carl Poliquin, un impayable Tartaglia.

Magnifiquement éclairés par Catherine Gohier, les décors de Joannie D’Amours et Geneviève Camirand sont auréolés de mystère, les costumes de Véronic Denis, somptueux et les masques de Marie-Pier Fortier, incroyablement expressifs. Quant aux percussions en direct de Patrice d’Aragon, elles terminent de nous transporter dans un ailleurs que l’on ne souhaite plus quitter. Voilà un spectacle si exaltant, doté d’un humour si fin et d’une cadence à ce point soutenue qu’on le voudrait sans fin.

Jusqu’au 1er avril
Au Théâtre Denise-Pelletier
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