Jean-François Hamel et Olivier Normand : S.O.S. fantôme
Scène

Jean-François Hamel et Olivier Normand : S.O.S. fantôme

Jean-François Hamel et Olivier Normand nous parlent du Fantôme de Canterville, pièce qu’ils signent, jouent et mettent en scène avec Véronique Daudelin et Klervi Thienpont.

Elle n’a pas encore officiellement pris l’affiche que, déjà, la première création du Théâtre des 4 coins, ayant remporté deux Prix Rideau, est assurée d’une tournée québécoise d’au moins 80 spectacles et d’une présentation à Mexico en juin. Tout un accueil pour cette adaptation de la nouvelle d’Oscar Wilde qui, d’un embryon de 20 minutes conçu au Conservatoire, s’est transformée, au gré de 6 versions successives, en une pièce pour les 12 ans et plus qui ne sera certainement pas pour déplaire aux adultes. "En fait, on a monté le spectacle sans savoir pour qui il serait; on l’a fait pour nous, précise Olivier Normand. Je pense que ça marche auprès des ados à cause de l’énergie. On est jeunes, alors ça ne nous dérange pas de changer 10 fois de personnage…" "C’est coloré, au sens où c’est vivant et qu’il y a beaucoup de facettes différentes (décor, costumes, jeu…) qui explosent dans toutes les directions", ajoute Jean-François Hamel. Leur récompense ultime: arriver à conquérir ceux qui y vont à reculons, capuchon relevé et écouteurs de MP3 dans les oreilles. "On a le goût d’aller rejoindre ce public, de montrer que le théâtre peut être super imaginatif, poursuit Olivier. Mais c’est un défi car quand il aime, il aime, mais quand il n’aime pas, il n’aime pas."

Quant aux comédiens, c’est surtout l’humour irrévérencieux et toujours actuel du texte qui les a séduits. "C’est vraiment très drôle, super cynique", lance Jean-François. "En gros, c’est une famille d’Américains qui achète un manoir hanté en Angleterre, sauf qu’eux, ils n’ont pas peur et que le fantôme fait une dépression nerveuse, continue Olivier. Dans la nouvelle, Wilde se moque des Américains qui ont tout plein de produits miracles et se foutent vraiment des traditions britanniques. Lui, il est protégé parce qu’il est Irlandais, alors il se moque aussi des Anglais et de leurs conventions." Une folie que les créateurs n’ont du reste pas hésité à nourrir, en essayant tout ce qui leur passait par la tête. "Des fois, je n’en reviens pas moi-même, commente Jean-François, je me dis que c’est vraiment con ce qu’on a écrit. Mais en même temps, ça ne l’est pas tant que ça. Quand tu mets tout ça ensemble, ça se tient."

Autre trait marquant du spectacle: sa mise en scène. "Il y a 12 personnages, des marionnettes, une chanson… Ça se passe sur un bateau, dans une calèche, dans le manoir… Alors on a été obligés de faire preuve d’inventivité pour rendre tout ça, de faire de la magie pour que ce soit fluide. Par exemple, tu ouvres une valise et il y a une fontaine, une fenêtre, un arbre qui sort; on vire ça de bord et ça fait un bateau, une calèche… Ce côté-là, c’est surprenant, observe Olivier. C’est vraiment cartoon; ça me fait penser aux films d’animation comme Nemo et Les Incroyable parce que c’est l’fun visuellement et qu’il y a deux niveaux de lecture." À ce sujet, il conclut d’ailleurs: "Pour nous, le propos était dans la forme; de montrer qu’avec presque rien, quatre masques et cinq valises, on peut faire croire qu’on est en bateau, en calèche, dans un manoir… Qu’avec mon imaginaire, je peux créer plein d’affaires." Histoire de transmettre leur passion du théâtre.

Jusqu’au 1er avril
Au Théâtre des Gros Becs
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