Quand le sage pointe la lune, le fou regarde le doigt : Funambules
Scène

Quand le sage pointe la lune, le fou regarde le doigt : Funambules

Quand le sage pointe la lune, le fou regarde le doigt, création du Soucide collectif, réserve une des bien belles surprises de l’hiver théâtral.

Spectacle créé et interprété par Serge Bonin, Catherine Dorion et Nicola-Frank Vachon, mis en scène par Marc Doré, Quand le sage pointe la lune… offre un voyage dans l’univers de clowns attachants et railleurs, entre naïveté, ironie et inquiétude, rire et gravité. Difficile de résumer la pièce. Succession de tableaux, entre lesquels se tisse la trame de quelques thèmes récurrents, le spectacle s’organise surtout autour des trois acteurs et de leur alter-ego – le nôtre aussi – au nez tout rond. Avec une légèreté parfois étonnée, les clowns suaves campés par ces trois comédiens visent avec aplomb des questions graves: la mort, l’amour, la solitude, les dérapages de notre société occupée, individualiste et matérialiste. Tout ça, et plus, avec l’air de ne pas y toucher, dans un foisonnement d’images et de fantaisie, des morceaux de poésie pure et de récupération – à l’instar du très beau décor de Vanessa Cadrin, montagne d’objets hétéroclites, rebuts d’une société moderne gâtée, repue. Fil conducteur: le quotidien, ses petits gestes, qui nous ancre dans le réel et parfois, nous y retient.

Prologue sur une scène parodique où se succèdent les demandes – d’emploi? de subvention? – se butant constamment au refus catégorique, au nom des valeurs d’efficacité, de performance. Comme son envers, la scène suivante, véritable ouverture du spectacle, nous montre les clowns, trois fous magnifiques qui, avec musique et objets, installent un univers improbable – le leur -, étrange, rapiécé et éblouissant, dans lequel ils nous invitent à plonger. Le jeu clownesque et ses représentants, excellents, nous emmènent ailleurs, totalement, tout en nous parlant de nous, de notre vie, avec ses tristesses, ses mesquineries, ses éclats de rire et malgré tout, son émerveillement.

Malgré quelques scènes un peu moins réussies, cette création étonne, fait rire, interroge et émeut profondément. Quand le sage pointe la lune… a la beauté absurde du rêve, sa force prégnante et, comme lui, nous poursuit bien après le réveil par des impressions diffuses, mais combien précieuses. Et ne nous lâche plus.

Jusqu’au 8 avril
À Premier Acte
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