Coeur en tête : Traitement-choc

Danseuse des Grands Ballets Canadiens de Montréal pendant sept ans, Nathalie Buisson part pour Madrid en 1993 pour travailler avec le chorégraphe Nacho Duato au sein de la Compañía Nacional de Danza. Revenue au pays mariée à un Ibère, elle choisit de quitter la scène pour se consacrer à remonter les oeuvres chorégraphiques de son maître et pour fonder une famille. Tout se déroule à merveille jusqu’à ce diagnostic de cancer du cerveau, en 2004. Elle a alors 38 ans, un garçon en bas âge et une petite fille qu’elle allaite encore. Le choc est terrible, mais elle ne se laissera pas démonter. Après une opération et 18 mois de chimiothérapie orale, la tumeur est en régression et la jeune quadragénaire, pleine de vie, d’espoir et de reconnaissance envers son neuro-oncologue, le Dr David Fortin. En remerciement de cette deuxième chance qu’il lui a donnée, elle organise un spectacle-bénéfice pour aider au financement de ses recherches sur un traitement révolutionnaire du cancer du cerveau.

"J’ai lancé un appel à tous et tout le monde a accepté, se réjouit Nathalie Buisson. Ce qui est beau, c’est que le milieu de la danse est aussi solidaire qu’hétéroclite. Et puis, tout le monde connaît quelqu’un qui est touché par le cancer: Mario Radacovsky en a souffert personnellement, Gioconda Barbuto a perdu son neveu de cinq ans, Andrea Boardman, sa mère, Ginette Laurin, son mari… Un des danseurs d’O Vertigo a même dû quitter la compagnie à cause d’une tumeur cérébrale. C’est d’autant plus touchant que ses collègues dansent dans le spectacle."

Coeur en tête s’annonce donc comme un rassemblement inédit de grands noms de la danse et des arts. En plus des personnes citées et des sept danseurs d’O Vertigo, la plupart des interprètes de la Soirée Kudelka, parmi lesquels Anik Bissonnette, Marc Boivin, Sylvain Lafortune, Laurence Lemieux, Anne Plamondon et Victor Quijada, partageront la scène avec Annik Hamel, Sophie Lavigne, Benoît Leduc et Peter Trosztmer. Au total, des extraits de huit reprises seront présentés et une création d’un chorégraphe en vogue à Toronto sera interprétée par le Québécois Guillaume Côté, premier danseur du Ballet national du Canada que l’on n’a jamais eu l’occasion de voir à Montréal.

Pour compléter le programme, Paul-André Fortier et James Hyndman seront présents par le biais d’un court métrage conçu à l’occasion du dernier Festival international de la littérature, et ce grand spectacle d’environ deux heures sera ponctué par quelques joyeuses interventions des clowns de l’École nationale du cirque et par les intermèdes des musiciens Luc Fortin, Richard Léveillé et Dany Laliberté. Pour couronner le tout, après huit ans d’absence, Nathalie Buisson remettra ses chaussons pour nous ouvrir les portes du Jardi Tancat (jardin fermé) de Nacho Duato.

"Je savais que j’aurais du plaisir à danser et à me retrouver sur scène, mais j’avais peur de ne pas être à la hauteur, raconte celle que ses collègues ont poussée à reprendre du service en invoquant la mémoire du corps. En fait, ça me fait du bien de me retrouver en studio pour partager ma passion avec mes amis. J’ai non seulement l’impression de retrouver mon corps, mais tout ce que j’ai fait en danse prend subitement un sens parce que ça sert une cause. Aussi paradoxal que ça puisse paraître, ça m’en fait oublier mon cancer et j’en suis arrivée à me dire que ce n’est pas nécessairement ce qui m’arrive qui importe, mais surtout ce que je décide d’en faire."

À l’évidence, Nathalie Buisson a choisi de transformer le malheur en espoir et elle s’en donne les moyens. Elle vous inspire? Les billets sont en vente à 50 $ (35 $, tarif étudiant) ou à 150 $ pour le spectacle, un cocktail dînatoire et une réception avec les artistes.

Le 3 avril
À la Salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau
Dons et billets V.I.P. à la Fondation du CHUS: 1 866 820-6450
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