Demain : Organismes vivants
Demain est une oeuvre qui explose de vie, de sens et de beauté. Un puissant antidote au pessimisme et à la morosité.
Un immense praticable totalement nu qui se détache comme une île occupant la presque totalité de l’espace scénique. Un grand écran rectangulaire qui monte et qui descend de la scène au plafond en laissant apparaître le magnifique mur de brique de l’Usine C. Deux surfaces vierges comme deux pages blanches sur lesquelles les protagonistes de la nouvelle création de Paula de Vasconcelos viennent écrire leur vision du futur en mots, en mouvements et en couleurs. Car l’avenir est le thème du dernier volet de sa Trilogie de la Terre. Et celui que dessinent au présent les jeunes artistes de Demain suscite le respect et l’émerveillement.
Dans cette production de Pigeons International, le langage du corps est celui de la danse et les mots résonnent d’autant plus fort qu’ils ne se disent qu’à l’écrit. "Certains disent que le futur n’existe pas." "Moi, je pense que le futur est un allié, une chance de faire mieux." Une à une, les pensées des six danseurs et de l’actrice sourde-muette s’affichent sur l’écran qui nous aspire littéralement dans les moments de chat avec un jeune ailleurs dans le monde, à une autre heure du jour. Extrême privilège de pénétrer une cyber-intimité qui ouvre simultanément sur une vision macroscopique et universelle de l’âme humaine. Extrême fragilité de la création aléatoire en direct qui surprend par sa puissance émotionnelle et par son adéquation totale avec le spectacle "fini" qui se déroule ici, le soir, à Montréal.
Sur scène, débordants de vitalité, les interprètes semblent n’avoir d’autre objectif que d’habiter pleinement l’espace et leur corps en savourant chaque seconde du temps qui passe. La gestuelle se déploie en lignes pures et métissages, en sautillements joyeux rythmant le goût de vivre, en sauts acrobatiques et chutes magnifiques qui parlent de la foi, du courage et de l’adversité, en extraordinaires rebonds évocateurs de dynamisme, d’adaptabilité et même de résilience… La vie qui se raconte là est faite de musique, d’espoir, de solidarité humaine et de rencontres véritables entre les êtres avec des duos, entre autres, qui font croire à l’amour et à l’égalité des sexes. Le tout saupoudré d’un humour frais et enrobé de la magie des éclairages gais et acidulés de Yan Lee Chan. Franchement, on aurait tort de s’en priver.
Jusqu’au 8 avril
À l’Usine C
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