Gervais Bouchard : Le théâtre selon Gervais Bouchard
Scène

Gervais Bouchard : Le théâtre selon Gervais Bouchard

Gervais Bouchard présentera bientôt sa pièce la plus récente au Côté-Cour, L’Amour selon Brigitte Morin, le troisième de ses textes qu’il aura vu mis en scène.

Le 27 mars, Journée mondiale du théâtre, était le moment tout indiqué pour rencontrer un dramaturge de la relève et faire le point avec lui. "Je fais partie de ceux qui poussent et qui essaient de faire leur chemin à travers ça, explique Gervais Bouchard. J’écris pour être joué, pas pour accumuler mes textes dans mes tiroirs. C’est pour ça que j’ai voulu qu’il se passe quelque chose. Une fois que c’est sur scène, c’est là que je me sens bien. Le pire pour un auteur de théâtre, c’est de ne pas être joué. Ça, c’est un cauchemar."

C’est un parcours difficile que doit suivre un auteur de théâtre de la relève. Nombreuses sont les embûches, et peu de mains sont tendues pour aider à se relever après une chute. Et il va sans dire qu’il n’y a pas de mode d’emploi qui mène à la reconnaissance… Bouchard se souvient de ses premiers pas dans le milieu, alors qu’il était encore mû par une confiance pathétique qui aujourd’hui le fait sourire: "Je m’y suis très mal pris, au départ. J’avais écrit ma première pièce, alors j’suis allé la porter au Grand Théâtre, puis je suis retourné chez moi et j’ai attendu un appel. J’me suis dit: "C’est sûr qu’ils vont prendre ma pièce!" Finalement, j’ai même pas eu d’accusé de réception ou quoi que ce soit." Ce n’est donc pas tout d’être passionné, même si c’est un minimum. Il faut aussi avoir des relations… "Moi, je n’étais pas du milieu théâtral. Habituellement, les auteurs de théâtre, c’est des acteurs; les metteurs en scène, c’est des acteurs… Quand t’as aucun talent d’acteur, que t’as pas fait les écoles, tu te retrouves un peu mal pris." Mais à force de trimer dur et de faire du lobby, on finit par faire des rencontres qui changent le cours des choses. Pour faire entendre sa voix, Bouchard a choisi de confier son travail à des artisans avec qui il a déjà collaboré. "Je voulais travailler avec Christine Harvey. C’est vraiment une grande comédienne. Aussi avec Stéphane St-Jean. C’est un metteur en scène qui a sa griffe à lui. Chacun, on a notre singularité, ça fait un mélange que je trouve vraiment intéressant. Ça a donné L’Amour selon Brigitte Morin." Pas facile pour un auteur de théâtre de se détacher du projet, de laisser carte blanche à la créativité d’un metteur en scène. Il fallait que Bouchard ait une grande confiance en ses deux collaborateurs, puisque comme le travail de mise en scène s’est fait à Montréal, il a dû se résigner à être plutôt spectateur du devenir de son texte. "La beauté d’écrire pour le théâtre, c’est qu’ils élèvent mon texte à un autre niveau, que moi j’avais pas vu. C’est très inspirant et ça t’amène ailleurs aussi, pour écrire autre chose."

Le texte de Bouchard est un monologue qui laisse beaucoup de place au geste et qui permettra de mesurer la force de la présence sur scène de Christine Harvey. "C’est sûr que c’est pas "téléromanesque". En même temps, ça peut toucher pas mal de monde parce que ça parle de solitude et de honte. C’est universel."

Les 5, 6 et 7 avril
Au Café-Théâtre Côté-Cour
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